Les habitants du village Tamda, dans la commune de Ouaguenoun, à 15 km à l'est de Tizi Ouzou, ont procédé, dimanche dernier, à la fermeture de la RN-12 pour réclamer la prise en charge de leurs revendications d'ordre social. Tôt le matin, des dizaines de citoyens, notamment des jeunes encadrés par les membres du comité de village, ont procédé à l'aide d'objets hétéroclites et de pneus enflammés à la fermeture de tous les axes menant vers ce hameau où est implanté l'un des plus importants campus de l'université Mouloud-Mammeri, afin de réclamer leurs quotas de logements sociaux implantés au niveau du pôle urbain érigé sur les hauteurs de leur village, des postes de travail et, surtout, la régularisation des situations liées au foncier. Voulant certainement donner plus d'impact à leur action, les résidents de Tamda ont, donc, procédé au blocage du nouvel axe autoroutier (ex-RN12) menant de la ville vers Azazga. Cette action de rue n'a pas été sans conséquences sur les milliers d'usagers de cet important axe routier, obligés de faire de longs détours par Tala Athmane du côté nord ou par Tala Amara, au sud de la RN12, pour rejoindre leurs destinations. Mais les plus touchés par cette fermeture de la route sont incontestablement les dizaines de milliers d'étudiants du campus de Tamda qui n'ont pas réussi à rejoindre leurs salles ou amphis. D'où leur courroux surtout que cette action coïncide avec la période des examens. Qu'à cela ne tienne, semblent dire les dizaines de jeunes villageois de Tamda qui ne sont pas à leur première action du genre. «Y'en a mare de subir les affres du chômage alors que les pouvoirs publics ne cessent de vanter, pour la jeunesse locale, les bienfaits de toutes les structures érigées au niveau du nouveau pôle urbain de Tamda», s'insurge un jeune chômeur âgé de 26 ans qui dit avoir postulé à un emploi au niveau de l'université de Tamda depuis trois années, mais sans succès, regrette-t-il. «Les pouvoirs publics ont transformé notre paisible village en un véritable pôle urbain, mais nous n'avons bénéficié de rien, à part les désagréments causés par les milliers de véhicules et bus de transport universitaire qui traversent notre village de jour comme de nuit», se désole un père de famille qui dit «ne pas comprendre pourquoi les services de la daïra dont dépend son village, refusent d'accorder des logements sociaux pour les citoyens de Tamda, au moment où des centaines de logements de ce type seront attribués à des enseignants universitaires qui ne sont pourtant pas dans le besoin et qui peuvent aisément postuler à des formules de types LPP, AADL et LSP». Pour de nombreux protestataires, les pouvoirs publics doivent revoir les critères de sélection pour l'octroi des milliers de logements sociaux actuellement en construction au niveau de ce pôle urbain et, surtout, exiger un quota pour les citoyens nécessiteux du village. Un pôle urbain qui n'en possède que le nom L'autre point soulevé par les manifestants, qui n'ont décidé de rouvrir la route qu'en début d'après-midi suite aux assurances reçues de la part des autorités locales concernant la prise en charge de leurs doléances, est celui lié à la régularisation de la situation foncière de nombreux terrains appartenant à des habitants du village. «On réclame la régularisation de la situation foncière de nombreux citoyens qui se trouvent dans le désarroi depuis plusieurs années. Certains cas remontent aux premières années de l'indépendance, qui n'ont pas, à ce jour, les documents relatifs à leurs propriétés. Il faut que les services concernés se penchent sérieusement sur ces cas car, sans cette régularisation, le propriétaire ne peut prétendre à la construction d'une maison encore moins à la vente de son terrain», explique un citoyen. A travers leur action, les habitants du village veulent aussi attirer l'attention des autorités quant à la difficile situation dont laquelle ce dernier se trouve. La population de cette localité qui a connu, ces dix dernières années, une extension urbanistique soutenue, se débat aujourd'hui dans de nombreuses difficultés engendrées par la dégradation et l'absence d'équipements publics et d'infrastructures de base. Le chômage et l'absence de lieux de loisirs et de détente rongent la vie quotidienne de milliers de jeunes de cette importante agglomération qui a vu sa population grandir à un rythme exponentiel. «Nous sommes les oubliés des autorités. Aucun responsable n'a fait le geste de se rendre à notre village pour s'enquérir de notre situation. Il y a une rupture de confiance entre les citoyens de Tamda et les autorités locales. Si nous avons décidé, aujourd'hui, de durcir noter action c'est surtout afin de rappeler aux responsables concernés que nous avons aussi le droit à une prise en charge de nos revendications», lance un membre du village. Selon les protestataires, le village de Tamda, jadis paisible hameau habité par quelques familles seulement, a besoin aujourd'hui d'un nouveau plan d'aménagement. «Tamda a changé complètement de visage. Au lieu de voir les choses s'améliorer avec la nouvelle expansion urbaine, notre village est devenu une cité dortoir sans la moindre commodité. Tamda n'a de pôle urbain que le nom», ajoute un autre villageois, qui nous a énuméré les revendications des citoyens, maintes fois réitérées devant les responsables locaux, mais jamais concrétisées sur le terrain, se désole-t-il.