Jamais le Maroc n'a été confronté à un mouvement de contestation d'une aussi grande ampleur. Le mouvement populaire d'Al-Hoceima met à nu, encore une fois, la politique répressive du Makhzen, qui, face à la grogne sociale, lâche ses troupes et mobilise tous les moyens répressifs pour casser du rifin. Rabat, qui, pourtant, n'a cessé de démentir tout malaise social, vient d'être rattrapé par l'amère réalité d'une région longtemps laissée pour compte. Ainsi, le Maroc qui convoite le Sahara occidental, privé de son droit à l'autodétermination, risque cette fois-ci de perdre le Rif. Les campagnes de dénigrement et de propagande menées à l'encontre des animateurs de ce mouvement pacifique, dont le seul tort est de demander justice, sont souvent mises à contribution par un royaume aux abois. N'est-ce pas la police de Mohamed 6 qui a fait broyer, l'année dernière, un vendeur de poissons dans un camion d'ordures ? Les manifestations d'Al-Hoceima qui tendent à se propager à d'autres localités du royaume, sont-elles annonciatrices d'un réveil du peuple marocain écrasé par le poids étouffant d'une monarchie prédatrice? Spontanée, la protestation de la population à Al-Hoceima, rappelle celle menée des mois durant par les jeunes du mouvement du 20 février 2011 qui ont réclamé un Maroc plus égalitaire. C'est mues par cette dynamique libératrice de la tyrannie et de l'injustice que plusieurs autres localités préparent des actions d'envergure. La colère est d'autant plus grande que la grande majorité de la population marocaine est prête à en découdre. Mais le plus étonnant, c'est que les ONG internationales, plus promptes à s'attaquer à l'Algérie, n'ont pas daigné réagir à l'acharnement contre une population désarmée. Des violations des droits de l'homme à grande échelle, tues par les médias occidentaux, et en particulier les chaînes de télévision françaises, qui n'hésitent pas à amplifier le moindre rassemblement de travailleurs en Algérie. Ce qui se passe à Al Hoceima est assimilé à une action fomentée par les islamistes proches de mouvements extrémistes. Une manière de désigner les citoyens d'Al Hoceima à la vindicte populaire à travers le royaume. La figure de proue du mouvement de protestation, Nasser Zefzafi, a même été qualifié de «jihadiste extrémiste marocain copie conforme du terroriste daeshiste Aboubakr Al Baghdadi». Ce sont ces mêmes mensonges que le Makhzen a vainement tenté de coller aux résistants sahraouis. C'est aussi par cet argument fallacieux qu'ils avaient perpétré le crime du camp de Gdeim Izik. Dans une conjoncture marquée par un malaise social sans pareil, les autorités marocaines doivent trouver des boucs émissaires pour justifier leurs actions répressives perpétrées contre les habitants d'Al Hoceima, qui ne sont pas prêts à baisser les bras.