Après la débâcle des législatives du 4 mai, l'opposition cherche à renaître de ses cendres et lancer un nouveau cadre de concertation et d'action commune. Un cadre autre que l'ICSO. Des contacts sont en cours entre des chefs de partis membres de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), dans l'objectif d'organiser une première réunion devant aboutir à la création d'un nouveau bloc. Selon des sources sûres, ce sont les présidents du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et de Talaie El Hourriyet qui «ont initié pour la première fois les contacts durant ce mois de ramadhan». Abderrezak Makri et Ali Benflis sont convaincus qu'il est temps de penser à réunir la famille de l'opposition, après que les législatives l'ont divisée entre participants et boycotteurs. D'où l'inutilité d'ailleurs de poursuivre le travail dans le cadre de l'ICSO. Contacté, Ahmed Adimi, porte-parole de Talaie El Hourriyet a, tout en confirmant l'existence de discussions, estimé qu'il est encore prématuré de parler d'une initiative précise. «Il y a effectivement eu des contacts avec trois chefs de partis. Si Ali (Benflis, Ndlr) ou le parti de manière générale, parlent de l'après 4 mai», nous a-t-il déclaré, expliquant qu'il s'agit de chercher les moyens à même d'arriver à un autre cadre. «On a vu comment l'opinion publique a giflé le pouvoir puisque ¾ des citoyens n'ont pas participé aux élections. Nous pensons donc qu'il faut entamer autre chose et l'opposition doit agir d'une autre manière», ajoutera Adimi. Pour lui, il n'est plus question de maintenir la méthode adoptée avant par l'opposition car «les données ont changé et tout ce qui a été fait avant le 4 mai est désormais dépassé». «L'ICSO c'est fini. On ne peut pas continuer à se réunir pour publier un communiqué et rentrer chez soi», admet notre interlocuteur, estimant que «l'opinion publique aspire à autre chose». En tout cas et en attendant que les uns les autres voient plus clair, soutient le porte-parole de Talaie El Hourriyet, «ces contacts vont aboutir sûrement après le mois de ramadhan». Cependant, il n'est pas tout à fait acquis que l'opposition puisse se rassembler encore une fois comme elle l'a fait au lendemain des élections présidentielles de 2014, donnant naissance au processus de Mazafran. Après la participation des islamistes et du RCD notamment aux législatives, boycottées par le parti de Benflis et celui de Djilali Soufiane, le fossé s'est creusé davantage entre les partenaires. Certains étaient arrivés au point d'échanger des critiques. D'ailleurs, le président de Jil Jadid ne semble pas très emballé de l'idée de se retrouver aux côtés de ses anciens partenaires. Affirmant n'avoir pas été contacté, Djilali Soufiane estime que le problème de cette nouvelle démarche réside dans sa composition. «À Jil Jadid, nous avons toujours été pour le travail collectif. Mais maintenant, il faudra savoir avec qui composer et qui serait intéressé par ce genre d'espace ?», nous a-t-il déclaré. Sans détours, notre interlocuteur précise que «si c'est pour faire avec les mêmes et se contenter uniquement de changer de nom à l'ICSO, nous ne sommes pas intéressés». De plus, Soufiane pense qu'«il faut d'abord redéfinir cc qu'est l'opposition» pour parler de réunion de cette dernière. En tout état de cause, l'opposition qui ne perd pas espoir d'imposer pacifiquement le changement a beaucoup perdu de sa crédibilité depuis quelques mois, malgré qu'elle ait pu dissiper les divergences idéologiques entre islamistes, démocrates et républicains. D'où la difficulté de la tâche qui l'attend dans l'avenir si les différentes parties tiennent à travailler en groupe.