On dit souvent que rire de soi est la meilleure des thérapies pour surmonter une épreuve difficile. Les candidats au baccalauréat l'ont compris et ils le mettent en application pour tenter d'échapper, un tant soit peu, au stress de l'épreuve tant redoutée qui leur ouvrira les portes de l'université. Cet examen qui représente la plupart du temps une période synonyme de stress, de rythme décalé et accéléré, ou encore de travail intense, les candidats le surmontent avec de l'autodérision. Sur Facebook les jeunes lycéens en classe terminale ont créé des dizaines de pages à travers lesquelles ils partagent leurs appréhensions, leurs peurs, leurs angoisses d'affronter le jour J. Souvent dans l'humour, ils témoignent chacun de leur ressenti. La journée comme au milieu de la nuit, un seul commentaire sur l'une de ces pages suffit pour attirer l'attention des centaines d'internautes candidats, universitaires ou d'anciens élèves qui ont connu cette frustration de l'échec. «Je suis plus rassuré lorsque je lis des commentaires d'autres candidats qui vivent la même situation que moi et qui comme moi redoutent les cinq prochains jours de l'examen du bac», écrit Salim sur la page BAC 2017 suivie par plus de 430 000 personnes. Sur Facebook ils disent chercher une oreille attentive, des réponses que seules des personnes inconnues, neutres, pourraient leur apporter. «Mes grands frères ont tous obtenu leur bac, ils tentent de me rassurer. Mais j'ai l'impression qu'ils veulent me protéger en évitant de me donner des détails sur cette journée fatidique», dira Yanis contacté sur la page BAC2017 Yes We Can qui compte environ 423 000 abonnés. Pour Rihane ces pages sont «un vrai antidote contre le stress». Elle affirme être restée connectée sur Facebook depuis le début de la période des révisions. «Chaque fois que je me sens lassée des révisions, c'est-à-dire pratiquement toutes les demi-heures, je marque des pauses et je relis tout ce qui se dit sur le bac», témoigne-t-elle. Une distraction où la plupart des candidats trouvent des podcasts hilarants, des vidéos qui parodient certaines séquences de films cultes algériens, comme celle d'Athmane Aliouat dans le célèbre long métrage Carnaval fi dechra. Sur ces pages ils discutent également des sujets qui pourraient être donnés le jour des épreuves. «Certains enseignants qui ont de l'expérience essayent d'orienter leurs élèves sur les thèmes susceptibles d'être évoqués durant les examens. Ces élèves en parlent et le partagent sur Facebook. Une bonne initiative qui pourrait profiter aux candidats», estime Ryad. Pour les parents, les réseaux sociaux peuvent être une arme à double tranchant. Hamid, membre de l'Association des parents d'élèves de la wilaya de Tizi Ouzou, reconnaît ce côté «antidote» que peut apporter Facebook. «C'est une bonne chose que nos enfants puissent dépasser leur stress en se disant qu'ils ne sont pas les seuls à vivre cette situation», estime notre interlocuteur. Toutefois ce réseau social est une «distraction» qui peut, dit-il, «facilement détourner les élèves de leurs révisions». Ce moyen de communication est également, dit-il, un risque qui peut déconcentrer les candidats. «Nous l'avons vu lors de l'examen du BEM durant lequel de faux sujets ont circulé sur Facebook induisant en erreur certains candidats et semant le doute chez d'autres», explique notre interlocuteur, notant que «le juste équilibre doit être trouvé par les parents». La ministre de l'Education nationale, elle, avait appelé justement, mardi dernier, les parents des candidats à «prendre leurs responsabilités».