La colère monte chez les artisans bijoutiers d'Ath Yenni, localité située à 35 km au sud-est de Tizi Ouzou, et qui a accueilli du 27 juillet au 4 août, la 14e édition de la fête du bijou. La raison ? On apprend de sources locales que le délai d'annonce de la date tenue de cette manifestation culturelle, artisanale et commerciale devenue un rendez-vous incontournable, est parmi les points de discorde qui minent cette nouvelle édition en plus de plusieurs points de divergence. Parmi ces derniers, on apprend aussi que le prix des stands d'expositions est passé de 8 000 DA pour les éditions précédentes à 10 000 DA pour la présente. Cependant, une réunion devait se tenir hier à ce propos et devait regrouper les membres de l'association locale des bijoutiers et les autorités locales, organisatrices de cet événement. S'agissant du reproche lié au facteur temps, le P/APC de la commune d'Ath Yenni, M. Smaïl Deghoul avait justifié ce contretemps lors d'une récente déclaration faite sur le sondes de la radio locale, par les réticences de sponsors. «Tous nous ont dit d'attendre la fin du mois sacré de Ramadhan pour voir plus clair», avait-il indiqué. Il est à signaler qu'une centaine d'artisans sont attendus pour cette nouvelle édition. En plus de la bijouterie, d'autres stands seront réservés aux autres produits artisanaux produits localement. Des embûches à la pelle La bijouterie, à l'instar des autres activités artisanale, fait face à de multiples embûches. Les artisans sont dans une situation qui frise la détresse. La cherté de la matière première de l'argent et l'inexistence du corail sur le marché national constituent le principal point d'achoppement pour cette activité durement touchée. Ceci génère tout naturellement des conditions socioprofessionnelles précaires qui, parfois, incitent certains à quitter ce métier qu'ils ont pourtant hérité de père en fils. Outre les prix exorbitants du corail, il existe aussi des entraves liées aux textes de lois régissant la promotion du bijou d'argent en Algérie. Les prix de la matière première d'argent sont excessivement chers. Ils varient entre 90 000 et 100 000 Da/kg. Résultat : le bijou d'argent est hors de portée du citoyen issu de couches sociales défavorisées. Pour illustrer, une simple parure en argent peut atteindre les 40 000 Da. La rareté du corail a fait que le kilogramme de cette matière dépasse les 400 000, ce qui génère aussi la spéculation sur le marché noir qui pullule d'intermédiaires. Ces derniers dictent tout simplement leurs lois sur le marché. Profitant des textes de lois régissant le développement de l'artisanat qui stipulent l'interdiction de la pêche du corail en Algérie, les spéculateurs font la pluie et le beau temps. Ils ont la mainmise sur le marché en important du corail des pays voisins, la Tunisie et l'Italie, pour combler le déficit existant sur le marché national. Le prix du corail importé de Tunisie tourne autour de 150 000 Da alors que celui importé d'Italie est vendu moins cher. Aujourd'hui, les bijoux sont confectionnés avec de la résine au lieu du corail. Ceci donne lieu à une véritable anarchie sur le marché de l'artisanat, en particulier du bijou d'argent. Outre les difficultés citées plus haut, on citera aussi le fait que la quasi-totalité des artisans ne disposent pas de local, ce qui entrave fortement leur rendement.