Après la polémique sur les années 1990, relative à l'arrêt du processus électoral, la répression des manifestations du FIS dissous, l'assassinat du président Mohamed Boudiaf, voici une autre polémique qui se profile à l'horizon. Elle est liée aux élections présidentielles de 1995 remportées par l'ancien président Liamine Zeroual, qui avait démissionné avant la fin de son mandat. Dans un entretien accordé à TSA, Noureddine Boukrouh, ancien candidat aux présidentielles de 1995, a été interrogé sur ses intentions de se présenter aux élections de 2019. «Ce ne sera pas un scrutin, mais une formalité semblable aux messes électorales précédentes. Les électeurs algériens n'ont jamais choisi librement leur Président, tout au plus ont-ils entériné un choix fait par une poignée d'hommes aux commandes de l'armée et de ses services de renseignement», a-t-il répondu, pour dire qu'il n'est pas intéressé par le prochain rendez-vous présidentiel. Mais dans sa réponse, il a «commis» un rappel qui lui a valu une mise au point de l'un des candidats à la présidentielle de 1995, à savoir l'ancien président du RCD, Saïd Sadi. «En ce qui me concerne, a poursuivi M. Boukrouh, j'y ai cru un petit peu en 1995, jusqu'à ce que M. Zeroual, alors chef d'Etat en exercice, déclarât sa candidature contre toute attente. Une fois qu'il l'a fait publiquement au Palais des nations, j'ai demandé à le voir pour lui dire face à face, au siège de la présidence et en présence de son conseiller principal, le général Betchine, et de son chef de cabinet, ce que je pensais de sa décision». L'ancien candidat ne dit pas ce qu'il avait dit à Zeroual, mais il précisera : «De retour à mon bureau, j'ai appelé les deux autres candidats en lice, feu Mahfoud Nahnah et Saïd Sadi. Ils sont venus séparément à mon bureau. Je leur ai rapporté l'entretien que je venais d'avoir avec Zeroual et leur ai proposé de nous retirer ensemble de l'élection. Après de longues et vaines discussions, ils ont refusé». Saïd Sadi n'a pas tardé à réagir, non pas pour faire des ajouts ou des précisions, mais tout simplement pour démentir les propos de Noureddine Boukrouh. «Je ne sais pas si feu Mahfoud Nahnah a été appelé ni ce que se seraient dit les deux hommes. En ce qui me concerne, j'apporte un démenti catégorique à cette allégation qui, à ma connaissance, est rendue publique pour la première fois», a souligné Saïd Sadi. Dans sa réponse, l'ancien président du RCD explique que «dans cette conjoncture de délitement national, toute polémique est malvenue mais il m'est difficile de laisser passer de telles confusions au moment où je m'efforce de relater dans mes mémoires les évènements auxquels j'ai été associé avec le maximum de précision et de rigueur». Il précisera que sa participation à la présidentielle de 1995 a été largement relatée dans un livre (Algérie, l'heure de vérité ) écrit et publié en 1996, c'est-à-dire une année après le scrutin. «J'avais alors fait état, en temps opportun et en détail, de l'ensemble des contacts que j'avais sollicités auprès de certains membres du mouvement national en retrait de la vie publique mais dont l'avis était utile à entendre. Le lecteur pourra également trouver dans cet ouvrage les résumés des entretiens que j'avais eus avec les autres acteurs politiques de l'époque. Tous ces échanges ont été rapportés pour être analysés en leur temps à la direction du parti», a conclu Said Sadi.