C'est l'histoire de l'arroseur arrosé. Et sur ce coup-là, l'escapade en Moldavie d'Abdelmadjid Tebboune tombe sous le sens. Selon Ennahar TV, notre Premier ministre, qui a brandi le sabre contre les hommes d'affaires accusés de tous les maux de la République, est en train de faire bronzette sur le sable doré des plages de Moldavie ! Il doit se la couler douce, notre Premier ministre, dans ce petit pays d'Europe orientale coincé entre la Roumanie et l'Ukraine. Il y appréciera les paysages pittoresques et le patrimoine historique et architectural ancien de ce pays exotique. Mais pas que… La Moldavie est aussi célèbre pour ses vignobles luxuriants et ses vins raffinés dont raffolent les grands amateurs. Justement, le Premier ministre n'est pas seul sur place. Il s'est fait accompagner par deux hommes d'affaires (tiens, tiens…) qui souhaiteraient y conclure des contrats juteux… Sans doute qu'avec le coup de pouce d'Abdelmadjid Tebboune, dans son costume de Premier ministre, l'affaire sera conclue en un tour de… table. Au grand bonheur de ses heureux accompagnateurs qui pourront ainsi trinquer à leur santé ! Mais une question coule de source : que pourrait bien tirer Abdelmadjid Tebboune comme valeur ajoutée de ce crochet moldave avec deux hommes d'affaires ? On pensait que depuis sa croisade contre les entrepreneurs de son pays qu'il dit vouloir tenir loin des affaires politiques, le Premier ministre allait s'astreindre lui-même à cette discipline. Ne voilà-t-il pas qu'il est ainsi pris en flagrant délit de reniement de sa propre ligne de conduite. C'est assurément une liaison très dangereuse pour le Premier ministre que d'être flanqué de deux (dangereux) hommes d'affaires durant sa douce et savoureuse retraite en Europe orientale. Dangereuse parce que c'est lui-même qui a désigné les hommes d'affaires à la vindicte populaire. C'est lui qui a chloroformé l'opinion publique par sa volonté soi-disant de séparer l'argent de la politique. Seulement voilà, tel est pris qui croyait prendre ! Abdelmadjid Tebboune tombe dans son propre piège en se permettant l'exact contraire de ce qu'il interdit de faire. Ce comportement, s'il est confirmé, n'est pas acceptable moralement ni défendable politiquement. Il s'apparente à un suicide politique. Une mise à nu. Et il n'est pas sûr qu'il puisse trouver des arguments pour fluidifier son retour aux affaires. Pas plus que ses soutiens qui ont hâtivement vu en lui l'homme providentiel en mesure de renverser la table. Cette escapade en Moldavie a tous les ingrédients d'un mauvais cru pour le Premier ministre. Sans doute suscitera-t-elle un flot de commentaires. Il y a de quoi, puisque Tebboune a saoulé l'opinion publique avec ses effets de manches. Le réveil risque d'être brutal…