Les députés n'ont pas le souffle suffisant pour marquer de leur présence les débats Les grandes tendances quant au vote des groupes parlementaires se sont dégagées durant les quatre premiers jours des débats. Décidément, les députés n'arrivent pas à s'acclimater avec leurs sièges à l'APN. Les débats sur le Plan d'action du gouvernement, présenté dimanche 1er juin par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, se sont poursuivis hier dans une Assemblée plus qu'à moitié vide. Habitués aux congés successifs et prolongés, il semble que les députés n'ont pas le souffle suffisant pour marquer de leur présence les débats sur le plan gouvernemental. Au 4e jour de ces débats, l'APN offre une image d'une boite pressée à adopter, comme une lettre à la poste, le Plan d'action de l'Exécutif, pour reprendre son hibernation. C'est en effet, aujourd'hui jeudi, que les débats se clôtureront avec les interventions des chefs de groupes parlementaires et les réponses du Premier ministre aux préoccupations des députés. En tout cas, les grandes tendances quant au vote des groupes parlementaires se sont dégagées durant les quatre premiers jours des débats. Il est prévu que les députés du FFS dont tous les intervenants étaient très critiques à l'égard du Plan d'action du gouvernement, voteront contre le projet. La même position pourra être adoptée par les députés islamistes de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) composée du MSP, Ennahda et El Islah, et ceux du Front de la justice et du développement (FJD). Logiquement, les députés de ces partis (exception faite de ceux d'Ennahda, liés au Pôle de changement d'Ali Benflis) engagés dans la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd) qui se prépare à tenir une conférence sur la transition, seront contre le Plan présenté par M.Sellal. Le Parti des travailleurs (PT), malgré ses critiques et sa demande d'organiser des élections législatives anticipées qui lui a valu des critiques acerbes de la part des députés FLN, ne dérogera pas, selon toute vraisemblance, à la règle qu'il s'applique souvent. Sa position est, en effet, beaucoup plus proche de l'abstention que du rejet. Mais tous ces partis confondus sont minoritaires et représentent moins de 25% de la composante de l'Assemblée. De ce fait, leur position n'aura aucune incidence sur le dernier mot de la chambre basse du Parlement. Dominée par le FLN et le RND (auxquel il faudrait ajouter les députés qui ont rejoint le TAJ et ceux du MPA), l'APN adoptera sans aucun risque le Plan d'action du gouvernement. C'est d'ailleurs sur cette majorité numérique que le gouvernement compte pour faire passer ses projets. Cela même si la composante du gouvernement ne se reflète pas dans la composante de l'Assemblée. Cette docilité à l'égard du pouvoir exécutif fait de l'APN une simple chambre d'enregistrement, décriée par les citoyens et dont la dissolution est souhaitée par une partie de la classe politique. Ce qui aggrave son cas est le comportement des députés FLN qui réagissent en tapant sur les tables aux dénonciations des députés de l'opposition. On l'a déjà vu et on l'a revu durant les débats sur le Plan d'action du gouvernement lorsque les parlementaires du parti majoritaire ont tenté de perturber l'intervention d'une députée d'un parti très minoritaire. Un acte qualifié de «baltaguia politique». Pour le FLN, ce parti (le PT, en l'occurrence) qui ne fait pourtant pas de l'opposition directe et franche, a un seul tort: celui d'avoir revendiqué des législatives anticipées. Les salaires et les avantages sont en jeu et il serait interdit d'y toucher.