Après trois jours de débats sanctionnés par les interventions des chefs des groupes parlementaires, les députés sont appelés à voter aujourd'hui le plan d'action du gouvernement présenté au début de la semaine par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Mais avant le vote, ce dernier répondra aux interpellations des députés, notamment de l'opposition, qui ont accusé le gouvernement d'être à l'origine de la crise économique et financière qui secoue le pays. Acculés par les attaques, les accusations et les critiques de l'opposition, Ouyahia, cet orateur tant redouté, trouvera-t-il les arguments nécessaires et suffisants pour bien envelopper sa réplique ? Les représentants de l'opposition, toutes tendances confondues, de l'alliance MSP-FC au FFS, en passant par le RCD, le PT et le Front El Moustakbal ont été tous unanimes à rejeter la solution proposée par le gouvernement pour financer l'économie, à savoir le recours aux financements non conventionnels. Ils ont relevé les dangers d'une telle option et les dérives inflationnistes qu'elle ne manquera pas de provoquer, appelant pour certains au retrait du projet de loi sur la monnaie et à la création d'une nouvelle monnaie pour d'autres. Ces députés ont plaidé pour trouver d'autres sources de financements de l'économie, telles que le recouvrement des impôts non payés, le recyclage de l'argent qui circule dans l'informel et la lutte contre la surfacturation dans le commerce extérieur et la fraude fiscale. Si Ouyahia ne court aucun risque quant à l'adoption de son plan d'action par la majorité composée par son parti et le FLN, en plus de leurs alliés du TAJ et du MPA, en revanche, son document est loin d'avoir fait l'unanimité. Aucun parti de l'opposition ne votera pour le projet, même si ce dernier ne sera pas non plus rejeté. Selon les informations que nous avons recueillies dans les coulisses de l'APN durant les trois jours qu'ont duré les débats, la majorité des partis de l'opposition va plutôt s'abstenir, à l'exception du RCD qui a annoncé qu'il votera contre le plan d'action. Ces trois jours de débats ont été d'abord marqués par la désertion des députés qui, juste après la présentation du document par le Premier ministre, ont quitté l'enceinte parlementaire. Des dizaines de députés, pourtant programmés pour intervenir, ont brillé par leur absence lorsque le président de l'APN les a appelés à la tribune. Aujourd'hui, ils reviendront en force pour assister à la séance de vote et approuver la feuille de route de l'Exécutif. Quant aux interventions elles-mêmes, elles étaient focalisées pour ce qui concerne les députés de l'opposition et même certains de la majorité, sur le recours à la planche à billets. Anticipant ces attaques, le Premier ministre avait répliqué en présentant son plan, qualifiant l'opposition de «marchands de la politique». Aux experts financiers qui ont critiqué le recours aux financements non conventionnels, le Premier ministre a répliqué que si leur rôle était de critiquer, «le rôle de gouvernement et de l'Etat est de garantir la mensualité des travailleurs». Il ajoutera certainement une couche aujourd'hui en répondant aux interrogations des députés dont les plus virulents étaient ceux du RCD qui ont accusé Ouyahia d'être un acteur de la crise que traverse le pays. «Il y a quelques mois encore, nous attirions l'attention de l'opinion publique sur la crise multiforme que traverse le pays sur différents plans, notamment économique et financier. J'entends encore vos accusations sur les atteintes à la stabilité de la Nation et vos accusations contre nous de noircir la situation. Aujourd'hui, c'est vous-même qui présentez une situation plus inquiétante que nous l'avons pensée, plus noire que nous l'avons dépeinte et plus aiguë que nous l'avons imaginée», a lancé le président du parti, Mohcine Belabbas dans son intervention. Avec quel langage et surtout quels arguments répondra Ouyahia à ceux qui ne souscrivent pas à sa démarche ?