Les débats sur le plan d'action du gouvernement se sont poursuivis hier, dans une atmosphère qui prête à tout, sauf à l'examen d'un projet qui engage l'avenir du pays. L'APN était en effet presque vide et les députés ont tout simplement préféré bouder les débats, en attendant de revenir en force demain afin d'adopter le document présenté dimanche par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Pourtant, ce n'est pas ce document qui manque d'intérêt, étant donné qu'il intervient dans une conjoncture particulière marquée par la crise financière durable, en plus qu'il comporte des décisions très lourdes pour l'économie nationale, comme le recours aux financements non conventionnels. Mais cela ne semble pas intéresser outre mesure les représentants du peuple, d'ailleurs très mal élus le 4 mai dernier. Dans le hall de l'APN, que les députés ont préféré à la salle où se déroulaient les débats, ces derniers conversaient de tout sauf du plan d'action du gouvernement. Et à l'intérieur, ce sont les députés du RCD qui se sont sentis visés par les attaques du Premier ministre lorsqu'il avait dénoncé les marchands de la politique qui se succédaient pour faire un réquisitoire contre le gouvernement en général et Ahmed Ouyahia en particulier. Les représentants du RCD ont accusé le gouvernement de tous les maux, soutenant qu'il était à l'origine de la crise que traverse le pays. «Il y a quelques mois encore, nous attirions l'attention de l'opinion publique sur la crise multiforme que traverse le pays sur différents plans, notamment économique et financier. J'entends encore vos accusations sur les atteintes à la stabilité de la Nation et vos accusations contre nous de noircir la situation. Aujourd'hui, c'est vous-même qui présentez une situation plus inquiétante que nous l'avons pensée, plus noire que nous l'avons dépeinte et plus aiguë que nous l'avons imaginée», a asséné le président du parti, Mohcine Belabbas, dans son intervention. Il a regretté que la gravité de la crise n'ait pas été suffisante pour convaincre le Premier ministre de «l'urgence d'une refondation structurelle «à tous les niveaux et dans de multiples domaines». Et d'accuser Ouyahia d'avoir fait l'impasse, dans son plan d'action, sur la dégradation générale de la situation du pays. «Aucun domaine n'est épargné. Les libertés individuelles et collectives sont étouffées, l'action associative est réprimée, la presse indépendante connaît une descente aux enfers, le monde du travail est secoué par un chômage qui ne cesse de s'aggraver, les prix ne cessent d'augmenter, les pénuries de produits réapparaissent et commencent à nous rappeler les sinistres moments des souks el fellah et des galeries à la veille d'octobre 88», a lancé le président du RCD. Ce dernier a dénoncé, en outre, le recours à la planche à billets pour financer l'économie nationale, avant d'annoncer que son parti votera contre le plan d'action du gouvernement.