Une petite discussion entre députés avant d'entrer dans l'hémicycle «Les élus du peuple viennent juste pour faire leurs interventions et apparaître sur l'écran, puis ils disparaissent», commente un parlementaire. L'absentéisme a marqué les débats sur le plan d'action du gouvernement. Les députés n'étaient pas nombreux à assister à la plénière. Malgré les instructions adressées par les responsables des partis politiques, notamment ceux de la coalition pour une présence forte, les députés restent indisciplinés. Hier encore, l'hémicycle était déserté. Sur les 462 députés, les présents ne représentaient même pas le tiers. «Les élus du peuple viennent juste pour faire leurs interventions et apparaître sur l'écran puis ils disparaissent», commente un parlementaire qui regrette ce comportement. «Les élus sont pris par d'autres affaires plus importantes que fouiller le plan d'action du gouvernement», commente un fonctionnaire au Parlement. D'ailleurs, la plupart préfèrent tourner dans les halls pour discuter et raconter des sujets autre que celui du plan d'action. Alors que la conjoncture économique est très difficile et nécessite la mobilisation de toutes les parties, les élus du peuple sont loin d'être conscients de la gravité de la situation. Au lieu d'examiner à la loupe le document et interpeller le gouvernement sur les insuffisances et les lacunes, les députés se sont contentés des lectures superficielles. Hier, l'opposition a brillé par ses interventions. Les partis de l'opposition ont dressé un réquisitoire contre le gouvernement sur sa manière de gérer des fonds publics. Les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) sont intervenus en force. Le RCD, qui était dans son, rôle n'a pas épargné le gouvernement de critiques. «Il y a quelques mois encore, nous attirions l'attention de l'opinion publique sur la crise multiforme que traverse le pays sur différents plans, notamment économique et financier», a martelé Mohcen Belabbes, le président du parti dans son intervention. Il a ajouté: «J'entends encore vos accusations sur les atteintes à la stabilité de la nation et vos accusations contre nous de noircir la situation. Aujourd'hui, c'est vous-même qui présentez une situation plus inquiétante que nous l'avons pensée, plus noire que nous l'avons dépeinte et plus aiguë que nous l'avons imaginée». Faisant un bilan global de la gestion, le président du RCD affirme qu'aucun domaine n'est épargné. «Les libertés individuelles et collectives sont étouffées, l'action associative est réprimée, la presse indépendante connaît une descente aux enfers, le monde du travail est secoué par un chômage qui ne cesse de s'aggraver, les prix ne cessent d'augmenter, les pénuries de produits réapparaissent et commencent à nous rappeler les sinistres moments des Souks el fellah et des Galeries à la veille d'Octobre 88», a déploré Mohcen Belabbes. Othman Mazouz du même parti lui a emboité le pas pour critiquer le recours à la planche à billets: «Votre mesure portant sur la révision de la loi sur la monnaie et le crédit induira incontestablement la hausse de l'inflation et le pouvoir d'achat des citoyens connaîtra une baisse vertigineuse», a-t-il averti l'Exécutif. Il reprochera au gouvernement l'absence d'une vision globale de traitement de la crise, ce qui complique, selon lui, le déficit budgétaire et tirera à la hausse la dette publique. Amar Messaoudi, du même parti a également interpellé le gouvernement sur le contenu des réformes économiques. Les députés du FFS quant à eux ont complètement boudé les travaux en guise de boycott. Mohamed Saïd Maser du MSP a vivement appelé à la lutte contre la corruption qui affecte l'économie nationale. Sur le recours à la planche à billets, ce dernier a appelé à la sauvegarde de la monnaie qui représente la souveraineté de l'Etat.