C'est le dénouement dans l'affaire du décès, en juillet dernier, de la jeune femme enceinte et de son bébé à Djelfa. Le Dr Ouali, spécialiste en gynécologie-obstétrique, en détention depuis près de deux mois, sera libérée le 6 octobre prochain. Le tribunal d'Aïn Oussara a prononcé, hier, le verdict condamnant à un an de prison, dont 2 mois ferme, le Dr Ouali, au moment où trois sages-femmes, un directeur de garde et un surveillant médical ont écopé de 2 mois de prison ferme. Etant donné qu'ils ont déjà purgé presque la totalité de la peine, «le Dr Ouali sera libérée le 6 octobre et les autres le 3 du même mois», a-t-on appris auprès de l'avocat de la défense. Contacté, maître Amine Sidhoum s'est montré satisfait du fait que les deux chefs d'inculpation portant sur «non-assistance à personne en danger» et «négligence ayant entraîné mort» soient tombés, ce qui élimine la responsabilité du Dr Ouali dans la mort de la parturiente et de son bébé. «La condamnation concerne le faux et usage de faux», explique l'avocat, suite à l'établissement par sa cliente d'un certificat d'arrêt de travail non conforme pour justifier son absence au service le 23 juillet dernier. Pour la suite, la défense dit avoir dix jours de délai au cas où elle voudrait introduire un appel. Du côté du personnel de la santé, le sentiment est le même. C'est le soulagement après deux mois de polémique ayant désigné médecins, infirmiers et autres paramédicaux comme boucs émissaires dans une affaire qui, en réalité, révèle toutes les défaillances du système de santé en Algérie. Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), n'a pas caché sa joie suite à ce dénouement. «On est soulagés et satisfaits de l'issue du procès pour l'ensemble, particulièrement pour la consœur Dr Ouali pour qui nous avons chargé un avocat pour défendre ses droits et ses intérêts», nous a déclaré le Dr Merabet, qui rappelle «la gravité des chefs d'inculpation de non-assistance à personne en danger et négligence ayant entraîné mort, passibles de lourdes peines». Finalement, pour ces deux accusations, le Dr Ouali a bénéficié de l'acquittement. «C'était fondamental pour nous», a soutenu le président du Snpsp, précisant que pour l'usage de faux, «le Dr Ouali a reconnu devant le juge avoir introduit un certificat non conforme». Seulement, «ce n'était pas pour nuire à autrui ou profiter d'une situation, mais elle était trop fatiguée vu le volume de travail qu'elle a subi avant, en plus d'avoir un nourrisson malade à la maison. Du coup, elle ne pouvait assurer de garde ce jour-là», insiste notre interlocuteur. Pour le certificat d'arrêt de travail non conforme, le Dr Merabet estime que «toute personne est responsable de ses actes devant la loi». L'affaire de Djelfa a défrayé la chronique et accroché l'opinion publique durant plusieurs semaines. Sous la pression de la rue, le ministère de la Santé s'était constitué partie civile, ce qui n'a pas été du goût des organisations syndicales du secteur. Certains médias ont aussi été emportés par la vague de colère populaire suite à la mort de la parturiente, et ont déclenché une campagne médiatique de dénigrement contre le personnel médical. Les praticiens généralistes, les médecins spécialistes, les résidents, les hospitalo-universitaires et les sages-femmes ont organisé plusieurs actions de protestation pour dénoncer cette campagne et appeler à la libération des inculpés. Le flou entoure l'avenir des médecins résidents de chirurgie: Hadjar, l'ultime espoir… Engagés dans un combat pour l'amélioration de leur formation et pour l'annulation des examens sanctionnant le passage en troisième année, les médecins résidents de 2e année tronc commun de chirurgie ont boycotté hier l'épreuve de chirurgie infantile, après celle d'orthopédie boudée le 20 septembre. Ils sont au total 189 résidents en chirurgie générale, chirurgie pédiatrique, chirurgie thoracique, chirurgie maxillo-faciale et chirurgie plastique des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou et Blida à avoir refusé de rejoindre la salle d'examen à la faculté de médecine d'Alger (ex-laperrine), soit «un taux de suivi de 100%», affirme l'un des délégués, joint par téléphone. «La situation revêt désormais un caractère d'urgence», estime-t-il, d'autant que l'on est à un mois seulement de la fin de l'année. C'est le flou total pour l'avenir de ces chirurgiens qui se sont élevés contre «les défaillances» du système d'évaluation et «l'anarchie» qui ronge le tronc commun. Maintenant que les deux examens sont boycottés, la question se pose sur le moyen à travers lequel ils seront évalués pour décider de leur passage ou non en troisième année. La balle, nous dit-on de sources fiables, est dans le camp du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui « «devra décider des suites et de l'issue à donner à ce problème». Selon nos sources, «une note ministérielle serait actuellement en préparation». Et tout semble indiquer qu'elle sera en faveur des médecins résidents de 2e année tronc commun de chirurgie. En effet, lors d'une réunion qui a regroupé en début de semaine les présidents des CPRS (Conseil pédagogique régional de spécialité) et le doyen de la faculté de médecine d'Alger, ce dernier «a soutenu au même titre que le chef du CPRS de chirurgie», la cause des protestataires, estimant que la deuxième année fait partie de la formation de chirurgien, et de ce fait, il n'y a pas lieu d'organiser un examen sanctionnant. Mais, «devant l'intransigeance d'autres chefs de CPRS comme celui d'orthopédie notamment, il a été décidé de s'en remettre à l'autorité du ministère de tutelle», précisent les mêmes sources. La requête des médecins résidents des trois wilayas s'est aussi basée sur «le caractère distinctif» qui exclut leurs camarades de l'est et de l'ouest du pays des examens de passage en troisième année d'orthopédie et en CCI. Ce qui contredit l'esprit de la loi, précisément l'article 10 de l'arrêté N°1137 du 04 Novembre 2015, portant organisation et modalité d'évaluation et de progression du cycle de formation en vue de l'obtention du diplôme d'études médicales spéciales (DEMS). Cet article stipule que «dans les spécialités comportant un tronc commun de 2 ans, l'examen de deuxième année est national». En tout cas, tous les regards sont maintenant braqués sur le département de Tahar Hadjar de qui dépendra la suite de ce qui semble être «un bras de fer» entre les médecins résidents et certains responsables du CPRS. «Le ministre est notre seul espoir», déclarent les délégués.