La crise qui s'installe dans la durée semble ne pas laisser trop de choix au gouvernement qui cherche à diversifier ses ressources financières. L'exploitation du gaz de schiste paraît, de ce point de vue, une option inévitable. Ahmed Ouyahia qui n'a jamais caché son soutien à l'exploration et l'exploitation de cette énergie non conventionnelle est revenu sur ce sujet sensible pour expliquer qu'il s'agit, in fine, d'une « nécessité ». Hier, depuis Arzew, à l'est d'Oran, le chef de l'exécutif a annoncé que le gouvernement encourage l'investissement dans le secteur des hydrocarbures, « notamment en gaz de schiste ». Selon lui, le recours à cette énergie vise à garantir l'avenir de l'Algérie en matière énergétique. Mais pas que, puisqu'il a expliqué qu'il s'agit d'assurer au pays des revenus supplémentaires. Se voulant cependant rassurant, le Premier ministre a affirmé que « L'exploitation des hydrocarbures de schiste ne signifie ni l'ouverture de la porte de l'enfer ni aller vers l'aventure. Nous estimons que le groupe pétrolier national dispose de capacités nécessaires pour expliquer au peuple algérien qu'il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique ». Le projet de l'exploitation du gaz de schiste algérien n'est pas nouveau. Dès 2013, le gouvernement algérien a manifesté sa volonté de recourir à cette ressource qui place l'Algérie, selon plusieurs experts, au troisième rang mondial en termes de réserves. Mais la forte mobilisation citoyenne à l'époque, à Ain Salah notamment, a fait que cette option reste au stade de projet. Entre temps, la crise est passée par là. Pétrole, un moteur essentiel L'Algérie qui désormais fait face à des difficultés sérieuses, en raison de la baisse drastique des ses revenus pétroliers, semble s'orienter inévitablement vers l'exploration de cette ressource qui, sans doute, ne manquera pas de provoquer une levée de boucliers chez les opposants au gaz de schiste. Lors de sa visite effectuée à la raffinerie RA1Z d'Arzew, le Premier ministre s'est également exprimé sur les difficultés rencontrées par le groupe pétrolier Sonatrach. « Au nom du président de la République et au mon nom personnel, nous vous renouvelons notre confiance. L'entreprise a connu des difficultés mais elle a pu se redressée », a-t-il affirmé tout en considérant que « les potentialités de Sonatrach permettent d'être optimistes quant aux perspectives d'avenir pour le secteur des énergies. C'est un message d'espoir au peuple algérien, notamment en cette période difficile marquée par une fluctuation des cours du pétrole sur les marchés internationaux », a-t-il ajouté. M. Ouyahia a réaffirmé, à ce propos, que le pétrole «demeurera un moteur essentiel dans l'économie nationale, et le gouvernement continuera à assister Sonatrach dans ses différents projets d'investissement ». Il a toutefois insisté sur la nécessité d'intensifier les efforts pour augmenter la production des carburants. Pour lui, « Les importations des carburants nous reviennent très chères et la dépréciation de la valeur du dinar rend la situation encore difficile. Il est donc nécessaire d'intensifier les efforts pour augmenter la production des carburants », a souligné le chef de l'exécutif. Dans ce contexte, le PDG du Groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a souligné la nécessité de diversifier les marchés du GNL pour éviter les règles imposées par l'Union européenne. «Il est nécessaire de prospecter d'autres marchés et de cibler d'autres pays comme la Turquie » a-t-il fait savoir tout en annonçant, d'autre part, que la raffinerie d'Alger sera opérationnelle début 2018 et que des appels d'offres seront lancés prochainement pour la réalisation des raffineries de Hassi Messaoud et de Tiaret. « Tous ces projets permettront d'augmenter la production des carburants afin de répondre aux besoins nationaux », a-t-il assuré. Arzew: Ouyahia inaugure deux méthaniers Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en visite hier au pôle pétrochimique d'Arzew (Est d'Oran), a présidé une cérémonie d'inauguration de deux nouveaux méthaniers, acquis par la filiale Hyproc Shipping Company relevant du Groupe pétrolier Sonatrach. Ces deux nouveaux méthaniers, Tessala et Ougarta, permettront à la flotte maritime nationale chargée du transport à l'international des hydrocarbures d'être au diapason des perspectives du développement de l'industrie nationale de la pétrochimie. Les deux navires ont été mis déjà en navigation expérimentale le long du littoral national, selon des explications données par les cadres de Sonatrach. Le navire Tessala a été construit en 2016 et dispose d'une capacité de transport de 169.000 m3 de GNL. Il est d'une longueur de 291 mètres et d'un maitre-bau (sa plus grande largeur) de 46 mètres. Son tonnage est de 112.867 tonnes. Quant à Ougarta, construit en 2017, il dispose d'une capacité de transport de 169.000 m3 de GNL. Sa longueur est de 291 mètres et son maitre-bau est de 46 mètres. Son tonnage est de 84.000 tonnes, a-t-on précisé. Les deux méthaniers ont été fabriqués dans les chantiers navals sud-coréens par le constructeur Hyundai. Les derniers navires acquis et réceptionnés par la filiale Hyproc ont été le méthanier Cheikh Bouamama en 2008 et le Cheikh El-Mokrani, livré en juillet 2007. Le méga-méthanier Lalla Fatma n'Soumer, d'une capacité de transport de 145 000 m3, a été, quant à lui, livré en octobre 2004. Filiale de Sonatrach, Hyproc Shipping Compagny dispose de huit navires de transport de GNL, six navires de transport de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et deux bitumiers. Avant l'inauguration des deux méthaniers, le Premier ministre avait visité la raffinerie RA1Z et le complexe GL3Z, et suivi une communication sur le bilan des activités de Sonatrach et ses perspectives. M. Ouyahia est accompagné, dans sa visite à Oran, d'une délégation composée de Mustapha Guitouni, ministre de l'Energie, Nouredine Bedoui, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et de Abdelghani Zaalane, ministre des Travaux publics et des Transports.