Ce qui n'était qu'un projet de loi lancé par un député communiste français, André Gerin, est en passe de devenir une véritable «affaire d'Etat» : faut-il ou non interdire le port du voile intégral dans les lieux publics ? La burqa emballe la France entière et plus personne n'y échappe. Le parlementaire André Gerin n'aura pas à participer au prochain tour de France, l'Assemblée nationale française a annoncé la création d'une mission parlementaire d'information sur cette question-là. Une belle petite victoire pour les rares communistes qui fréquentent encore le palais Bourbon. D'autant que des députés de la majorité présidentielle n'hésitent pas à se jeter dans cette mêlée médiatico-politique. Ils n'ont plus rien à craindre, le président Nicolas Sarkozy a, en personne, pointé du doigt la burqa lors du récent congrès de Versailles. Dans le camp des anti-burqa, il semble que le débat n'a même plus lieu d'être. S'il n'est pas un signe religieux, c'est nécessairement un signe d'asservissement, et de ce fait, le voile intégral n'est pas le bienvenu. La tolérance a elle aussi ses limites à ne pas dépasser. Et bien que la France soit friande de débats sur la laïcité, il ne serait plus question de traîner cette controverse plus qu'il n'en faut. La burqa mériterait un débat expéditif avant son interdiction définitive. Fort du soutien présidentiel, le projet de loi du «député rouge» aurait ainsi plus de chances d'aboutir, contrairement à celui de Jacques Myard, son confrère de l'UMP. Et tant pis si cela doit heurter des sensibilités, la burqa est l'antinomique par excellence de l'intégration en France. Sinon, en banlieues ghettoïsées. Surtout que les modérés de la communauté musulmane en France reconnaissent eux-mêmes le fondamentalisme qui se cache dessous. Ce qui laisse les mains libres à Nicolas Sarkozy si, demain, il venait à l'interdire. Barack Obama n'y verrait que du noir, son appel des plages de Normandie aux pays occidentaux à ne pas gêner les musulman(e)s dans la pratique de leur religion n'aurait plus assez d'écho. Mais voici que par son «discours incendiaire» à Versailles, Nicolas Sarkozy vient de lui compliquer la tâche. Pour venger les musulmanes qui portent le voile intégral, la branche d'Al Qaïda au Maghreb vient de déclarer la guerre intégrale à la France. A vrai dire, à la grande démocratie occidentale contre laquelle les musulmans sont appelés, par la voie d'un communiqué mis en ligne, «à répondre à cette haine par une autre plus ravageuse». Le dialogue entre civilisations tant espéré par Obama devra encore attendre. Mais pourquoi vouloir l'amorcer de sitôt si, pour Israël, le gel des colonies devra attendre également ?