Polémique avec le maroc, Chakib Khelil, alliance présidentielle et dévaluation du dinar... Ahmed Ouyahia vient d'apporter son soutien au chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, et a défendu l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, ainsi que le recours du gouvernement au financement non conventionnel, critiquant au passage l'opposition et les appels à l'intervention de l'Armée dans la scène politique. Intervenant? hier, sur l'émission de ‘‘l'Invité de la rédaction'' de la Chaîne III, en tant que secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia est revenu sur les différents sujets politiques et économiques de l'actualité, ainsi que sur les ambitions du RND lors des prochaines élections locales du 23 novembre prochain. S'exprimant à propos des déclarations de Messahel, sur le blanchiment de l'argent du haschisch marocain en Afrique, qui ont provoqué une nouvelle ‘'crise'' diplomatique entre Rabat et Alger, Ouyahia a apporté son appui au ministre des AE. «Nous sommes solidaires avec le gouvernement. Si nos voisins s'émeuvent, tant pis pour eux, et tant mieux pour nous», a-t-il répliqué, sans donner plus d'importance à l'incident. En effet, vendredi et lors de la clôture de l'université d'été du FCE, Messahel avait accusé le Maroc de blanchir l'argent du haschisch en Afrique, par le biais des banques et la Royal Air Maroc. Réagissant à ces propos, le Maroc a rappelé son ambassadeur à Alger et convoqué le chargé d'affaires de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, en signe de protestation. Revenant sur l'intention du ministre Guitouni de ‘'réorganiser'' la gestion de la Sonatrach, qui représente le noyau de l'économie nationale, Ouyahia a jugé que la Sonatrach ainsi que l'ancien ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil ont subi beaucoup d'injustices. «Maintenant, il y a eu des explosions de pétards qui avec le temps se sont révélées être des injustices. Je l'ai dit et je le redis, beaucoup d'injustice ont été commises. Ce que Sonatrach a vécu, et ce qui a été fait contre Chakib Khelil, n'est qu'injustice», a-t-il martelé. La Sonatrach avait fait l'objet de grand scandale de corruption, en 2010, provoquant des poursuites judiciaires contre l'ex-PDG Mohamed Meziane, alors qu'un mandat d'arrêt international contre Chakib Khelil, a été lancé en 2013, par le procureur de la Cour d'Alger, dans le cadre des enquêtes sur ces scandales. Dévaluation du dinar et financement non conventionnel Sur le plan économique, le SG du RND a défendu le choix des pouvoirs publics de recourir à ce mode de financement pour juguler «l'assèchement total» des ressources financières. «C'est dans cette perspective que le Président Bouteflika avait pris la décision de débloquer cette mesure temporaire» a-t-il souligné, avant d'ajouter : «les experts font de la théorie, le gouvernement doit gérer les problèmes du pays, et il doit trouver des alternatives.» Il s'est dit notamment favorable à une éventuelle amnistie fiscale si ceci permettra d'aspirer une partie de l'argent des circuits informels. Sur la dévaluation du dinar, Ouyahia a réfuté qu'elle puisse avoir un lien avec le recours financement interne non-conventionnel qui «n'est toujours pas mis en place». Il explique que «le glissement du dinar est un processus qui ne date pas d'aujourd'hui. Il continuera de glisser autant tant que les réserves de change baisseront», a-t-il mis en garde, signalant à l'occasion, «la nécessité d'orienter la production locale vers l'exportation et fermer les portes du commerce externe». Ouyahia a, par la suite, rassuré que l'inflation à partir de 2018 ne sera pas aussi élevée, comme l'ont prédit les experts. Interrogé sur les ‘'concessions'' du gouvernement aux hommes d'affaires, Ouyahia affirme que «l'Algérie sera construite par les entreprises privées. C'est une vérité incontournable ici et ailleurs. J'aurais souhaité voir ceux qui font la compagne contre les entrepreneurs, faire le procès du conteneur et de l'import-import», a-t-il indiqué. L'Alliance Présidentielle relancée Sur le plan politique, Ahmed Ouyahia est revenu sur ses rencontres avec les chefs des partis de la majorité présidentielle, en tant que Premier ministère. Ce dernier a fait part de son étonnement de l' ‘‘irritation'' de certaines formations politiques par rapport à ces réunions. «Nous sommes un quarteron de partis qui soutiennent le programme du président, il est normal qu'on tienne des réunions de consultations pour coordonner notre action à la veille de l'ouverture du débat sur la loi de finance», a-t-il expliqué. «Le gouvernement n'a pas à avoir de complexes à recevoir sa majorité présidentielle au Palais du gouvernement», a-t-il indiqué, avant de faire savoir que la relance de l'alliance présidentielle «est bien à l'ordre du jour». Le SG du RND a qualifié, par ailleurs, ceux qui appellent à l'application de l'article 102 de la constitution, et l'intervention de l'Armée, de ‘‘affabulateurs'', ‘‘incapable'' de défendre leurs propres positions. «Ce sont des affabulateurs qui n'ont pas de base pour porter leurs positions, ils sollicitent l'Armée pour être portés au pouvoir sur les chars», rétorque t-il en se disant «heureux de partager la même position avec la secrétaire générale du PT» qui avait estimé la veille que «ceux qui appellent l'armée à intervenir veulent être propulsés sur le dos des chars». Interrogé sur la réforme de l'Ecole, il estime que celle-ci est entrain d'être mise en œuvre, exprimant par ailleurs, son souhait de voir l'institution scolaire, soustraite «aux batailles idéologiques et politiciennes».