On aurait tout cru, mais la Turquie qui appelle au boycottage des marchandises chinoises ! Ce fait n'est pas le produit d'un quelconque différend commercial entre Ankara et Pékin alors qu'au sommet du G8, riches et moins riches se sont passé le mot pour résister ensemble au «protectionnisme» et à l'ouverture des marchés. C'est Michael Moore qui doit se mordre les doigts, son nouveau documentaire «Capitalisme : une histoire d'amour» traite justement des conséquences de la gloutonnerie du système capitaliste. Le ministre turc de l'Industrie et du Commerce qui appelle ses compatriotes à cesser d'acheter des produits chinois obéit à une motivation strictement politique. Le gouvernement d'Ankara n'a pas supporté de voir les Ouïghours, musulmans turcophones, se faire punir avec une si rare violence dont la police chinoise a dû user pour venir à bout des dernières émeutes interethniques. «Voyons si le pays dont nous consommons les produits respecte l'humanité», a déclaré ce même ministre, déchaînant les passions sur les berges du Bosphore. A démêler ses «pointes d'ironie», les images du récent bain de sang dans la province chinoise Xinjiang parlent d'elles-mêmes. Sinon, le Président Hu-Jintao n'aurait pas eu à écourter son voyage en Italie même si son départ précipité lui a évité de s'engager personnellement quant à une réduction de moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serres d'ici à 2050. Si le président chinois est rentré plutôt que prévu, c'est que la situation a empiré dans l'empire du milieu. D'où la réaction du gouvernement d'Ankara qui a senti le «besoin» d'appeler les Turcs à ne plus consommer «made in China». Du moins, jusqu'à ce qu'il soit mis fin à la chasse des Ouïghours. Mais si le Président Hu-Jintao a été le premier à dire au revoir à ses homologues du G8 en Italie, c'est que la province en question retient une attention toute particulière de la part des autorités de Pékin. Richesses pétrolières et industrie nucléaire ne sont pas des moindres. D'où l'étonnement de l'écrivain Bernard olivier qui est frappé par le fait que ces violences n'ont pas eu lieu bien avant. A bien repasser en revue ses carnets de voyage, la «colonisation» de la province de Xinjiang serait ainsi dix fois pire que celle du Tibet. Pourtant, excepté les Allemands et les Australiens, – la voix de la chancelière allemande n'a pas finie de faire«chanter» la Chine sur la question des droits de l'homme –, aucun n'a jugé essentiel de dénoncer la vague de répression. Moins encore de venir pleurer sur les tombes des victimes. Il y aurait assez de pays comme ça qui exigent qu'il soit mis fin aux ingérences dans leurs affaires intérieures. Nicolas Sarkozy a été parmi les premiers chefs d'Etat occidentaux à décodé le message. Si ce n'est le premier, d'ailleurs. La non-reconnaissance de l'indépendance du Tibet a bien profité à Airbus qui a vu son carnet de commandes se remplir grâce aux prochaines acquisitions aéronautiques de la Chine. Et cela tombe plutôt à pic pour le géant des airs, les deux derniers crashs mettraient à mal sa santé déjà «fragile» par la crise économico-financière mondiale. A ce point, les autorités de Pékin et celles d'Ankara vont entrer en coalition quelque part au-dessus de la mer de Chine ? La Turquie s'est contentée d'appeler au boycott des produits chinois et non pas à l'indépendance de la province de Xinjiang.