Les récriminations légitimes des chercheurs algériens dont s'est fait l'écho la presse nationale ont permis de situer les principaux problèmes auxquels sont confrontés les centres et unités de recherches universitaires. Essentiellement la modestie des moyens mis à leur disposition. Les assises nationales sur la recherche scientifique, les premières à être organisées en Algérie depuis l'Indépendance, ont débuté hier à l'unité de développement des équipements solaires de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipaza. L'événement, attendu avec impatience par la communauté universitaire et scientifique du pays, a rassemblé des dizaines de participants qui ont fortement applaudi Rachid Harraoubia, après que ce dernier ait annoncé la mobilisation de quelque 100 milliards DA pour le secteur. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a indiqué en outre à l'assistance que cette somme ne constituait, en fait, qu'une première dotation, indiquant que l'Etat débloquera des sommes plus conséquentes à l'avenir, à l'effet de promouvoir la recherche au niveau de l'ensemble des universités du pays. La recherche qui a longtemps été négligée par l'Etat – en témoignent les ridicules budgets qu'il lui consacrait auparavant – se voit ainsi bénéficier d'égards qui ne feront certainement qu'encourager les universitaires à approfondir leurs recherches et, du coup, réhabiliter une fonction essentielle au développement de l'université nationale. Le budget annoncé par Harraoubia sera essentiellement consacré à la réalisation d'unités de recherches et le recrutement de personnels spécialisés, «au fur et à mesure des besoins», et devra financer en priorité les recherches dans les spécialités d'avenir. Dans ce sens, a précisé M. Harraoubia, 34 projets sont en voie de lancement, précisant que ces projets ont été décidés à la suite de l'évaluation des besoins exprimés par l'ensemble des wilayas du pays où les chercheurs ont été associés, l'objectif étant de développer la recherche fondamentale et de renforcer la recherche appliquée afin de répondre aux besoins socioéconomiques du pays, développer le compter sur soi et le transfert de technologie. Bien qu'il ait reconnu des faiblesses et qu'il reste à accomplir des efforts en matière de recherche scientifique, le ministre a estimé que l'Algérie est sur la bonne voie. Il a cité dans ce sens les «très bons» résultats obtenus ces trois dernières années en matière de publications scientifiques qui ont atteint 20 000 contre 15 000 en 2007, de même que le nombre important de brevets d'invention comptabilisé au premier semestre 2009, soit 1961 brevets contre 1321 en 2007 et 580 en 1998. Mieux, le représentant du gouvernement a indiqué que l'Algérie occupe la 2e place au niveau continental dans les sciences de la matière, la modélisation et la simulation. Le ministre de l'Enseignement supérieur a par ailleurs précisé que l'effort du gouvernement sera davantage renforcé avec le recrutement de nouveaux chercheurs qui viendront s'ajouter aux 22 000 répartis entre les permanents, ceux de l'enseignement supérieur, les ingénieurs et les techniciens. Organisées à l'effet de dresser un état des lieux de la recherche, les assises nationales de la recherche scientifique sont une réponse aux nombreuses récriminations de la communauté universitaire qui a porté ses revendications à très haut niveau. La rencontre de Bou Ismaïl sera l'occasion pour ces derniers de formuler des propositions pour la gestion des carrières, des centres et unités de recherche, la formation doctorale, le rôle des comités de programme et sectoriels et la mise en place de réseaux thématiques. Plus important, il sera question de valorisation des résultats de la recherche. Des chercheurs et des responsables d'une cinquantaine de centres de recherche participent à ces assises. La clôture sera marquée par la remise des prix aux chercheurs et centres qui se sont distingués par leurs contributions scientifiques à l'échelle mondiale.