La poignée de main chaleureuse entre Barack Obama et Hugo Chavez n'a pas tardé à tiédir. Partie pour durer, la lune de miel entre Caracas et Washington risque de partir en java. De La Paz, le chef de la gauche radicale latine n'a aucun doute quant à l'implication du Département d'Etat américain dans le putsch qui a visé le président du Honduras, Manuel Zelaya. Celui-ci peut continuer de croire en un retour proche afin de livrer la dernière bataille, comme il peut prolonger l'ultimatum fixé aux médiateurs, son exil ne semble pas près de s'achever. Et ce n'est pas parce son remplaçant putschiste a fait bouger quelque peu sa ligne de démarcation que les choses vont rentrer dans l'ordre. Elles auraient même tendance à s'obscurcir, l'alignement du président exilé sur les thèses du bolivarisme ayant débouché sur une période d'animosité entre la nouvelle administration américaine et le Vénézuélien qui n'hésite pas à tenir la dragée haute à l'empire yankee à chaque fois qu'il en a l'occasion. L'actuel régime qui a pris le pouvoir par la force au Honduras ne serait pas de nature à inciter Hugo Chavez aux devinettes. Perdue, l'influence US ne peut-être reconquise que par le soutien tacite de gouvernements de droite qui adhèrent au libéralisme qui nécessiterait, selon l'Amérique d'Obama, d'être réformé au lieu d'être entièrement abandonné au profit d'un nouvel ordre mondial comme le souhaitent, par-dessus le marché, nombre de pays de la sphère occidentale. Quoi qu'il en sera demain, le gouvernement de Washington trouve dans Hugo Chavez et dans ses alliés des «partenaires compliqués». Surtout quand leur leader défie le résident Obama à partir de La Paz : «Faites-le et montrez ainsi que vous ne soutenez pas le coup d'Etat au Honduras». Que doit faire le locataire de la White House, ne serait-ce que pour que les propos d'Hillary Clinton, qui a soufflé au président Zelaya qu'il y avait d'autres moyens de revenir au pouvoir que de survoler la capitale hondurienne, ne restent pas comme une tache noire sur les annales de la diplomatie US ? Il est appelé par la gauche latine à évacuer la base militaire de Palmerola au Honduras en signe de non-implication des Etats-Unis dans le putsch contre Manuel Zelaya. Ce serait trop demander à l'administration démocrate qui est déjà occupée à formuler une réponse appropriée au renversement dont elle s'est lavé les mains, mais sans convaincre Caracas et ses alliés. Ce qui présage d'un autre dialogue de sourds que le président Obama a cru éviter via l'internationalisation de la diplomatie américaine. Il ne lui manquait plus qu'à se mettre à dos les latinos alors que les mollahs d'Iran et les alaouites de Syrie sont sur le point de ne plus croire en sa capacité à chasser les préjugés que W. Bush s'est fait de ses ennemis d'hier.