Dans son recueil de poèmes, Des mots, des maux, Abderrahamane Amalou dévoile son âme tourmentée et sa vocation à l'écriture souvent intimiste pour crier haut et fort la bêtise humaine et le désarroi du monde. Il appréhende divers sujets qu'il apprécie ou abhorre. Ses odes source de ses tourments suintent d'une grande sensibilité propre à tout artiste. A l'apparence expansive et fonceur, l'homme cache son jardin secret à l'abri des regards indiscrets en toute humilité. Indubitablement, sa poésie lui procure un apaisement tout en étant un exutoire. Il explore ce chant de l'âme simultanément avec sérénité ou avec consternation. Dans cet entretien, il dit son rapport à la poésie, faite d'imaginaire, d'esthétique et de fantastique. Que représente pour vous la littérature ? La littérature est un monde qui permet à l'individu de nourrir son imaginaire, de vivre un petit peu au-delà de la réalité, de déguster les images, de chanter les mots, le verbe, d'apprendre à aimer le beau et de respecter l'autre dans sa différence. La littérature apaise le révolté et offre la sérénité à l'inquiet. La littérature est tout un monde à part, associé au fantastique et au merveilleux : les contes et légendes, les beaux romans, les magnifiques récits de héros, etc. Pourquoi avoir écrit un recueil de poèmes ? La poésie est-elle un exutoire ? Tout simplement parce que j'aime la poésie, et des fois, on ne choisit pas le créneau ou la traversée, on se retrouve sur la jetée sans faire attention. C'est la poésie qui est venue vers moi, peut-être cette poésie que j'ai tant aimée et récitée quand j'étais jeune, aujourd'hui j'aime dire des choses par la poésie et faire des vers au lieu de parler pour être plus entendu et apprécié. Pour être un exutoire, toute personne trouve refuge quelque part et c'est peut-être ma manière d'exprimer le besoin de me ressentir essentiel par rapport au monde dans lequel je vis. Mon côté rêveur y est et la poésie est une douce mélodie de la vie. Ces diverses formes d'écriture, du roman à la poésie se font-elles sans encombre ? Ce n'est pas facile de réaliser une œuvre ou de structurer un texte poétique, un récit ou un roman. Beaucoup d'éléments techniques, spirituels et toute une préparation littéraire doivent être réunis pour s'aventurer dans un projet. Il faut avoir aussi le temps qu'il faut et les conditions de calme et l'inspiration. On écrit quand on a l'envie d'écrire, et on écrit bien quand on arrive à révéler des choses et à faire parler les objets. Ce n'est pas toujours le cas, on se pose mille questions : arrivons-nous à nous faire comprendre, à partager la souffrance des autres, ou à transmettre des scènes réelles de la vie quotidienne et tout simplement, on se bat aussi, même quand on écrit. Quelles sont les thématiques traitées dans votre roman intitulé Un mot qui fait de la voile ? Pourquoi avoir abordé ces sujets ? Je suis une personne très patiente et qui écoute beaucoup les autres, et même quand le débat ne me plaît pas, je reste toujours à l'écoute, que ce soit par respect ou par nature. Dans notre société orientaliste, nous avons tendance à parler, et non à se parler. A dire des choses sur les autres, sans les connaître, à les juger sans les rapprocher. Les mots sont aussi la parole, et cette dernière est liée à des valeurs que les gens commencent à perdre, alors il fut un temps où nos parents étaient prêts à se sacrifier pour une simple parole. Les mots, leurs sens et leurs destinations, les dires des autres, les rumeurs ont toujours été le moteur dynamique de mes compositions musicales ou de mon écriture.