Le flou qui entoure le dossier de l'effacement des dettes des agriculteurs et des éleveurs ne risque pas de se dissiper d'ici peu. Après les multiples appels des organisations des agriculteurs pour faire avancer le dossier et dresser les listes des bénéficiaires, c'est au tour de la corporation des éleveurs de monter au créneau. Leurs représentants interpellent les pouvoirs publics pour définir les élevages concernés par la mesure présidentielle. L'aviculture, qui est pourtant une activité d'élevage, «est exclue de la mesure présidentielle sans motif apparent», s'indignent des représentants de la filière. Pourtant, d'autres filières, comme l'apiculture et l'élevage bovin, sont concernées par l'effacement de leurs dettes. Ce que ne comprennent pas les professionnels de la filière avicole c'est le fait que les déclarations du président de la République au sujet de l'effacement des dettes étaient claires et concernaient les agriculteurs et les éleveurs, «sans exception».Les banques ont été instruites de «suspendre les poursuites judiciaires à l'encontre des agriculteurs et des éleveurs endettés et le gel de toutes les actions engagées contre eux», et ce, depuis le mois de mars 2009. Or, les agences bancaires concernées «n'ont jamais donné suite à ces orientations présidentielles, confirmant qu'il ne s'agit que de promesses électorales, puisqu'elles ont maintenu leur pression sur les agriculteurs et les éleveurs», regrette la corporation des aviculteurs. Ces banques, selon eux, ont même «initié des actions en justice, des saisies conservatoires et comptabiliser des agios et des intérêts». Ils réclament de la transparence dans l'étude des dossiers des bénéficiaires. Les investissements dans le secteur agricole, qui devaient connaître une relance à la faveur de la mesure présidentielle, «n'ont pas connu d'amélioration». Bien au contraire, la situation a empiré, a-t-on regretté, dénonçant la «discrimination» observée à leur encontre. Un ultime appel est adressé au ministre des Finances, Karim Djoudi, afin de «publier par voie de presse les listes des bénéficiaires de l'effacement de la dette agricole», qui s'élève à 41 milliards DA. Pour rappel, M. Djoudi a rassuré les agriculteurs et éleveurs et s'est montré réceptif à leurs doléances. Les lenteurs accusées jusque-là pour l'étude des dossiers s'expliquent, selon lui, par le souci de procéder à l'étude des dossiers «au cas par cas». Cinq mois après l'annonce de l'effacement des dettes, les agriculteurs et les éleveurs s'impatientent, car la nouvelle année agricole approche tandis qu'ils croulent encore sous le poids de leurs anciennes dettes.