Deux jeunes voisins se prennent au collet. On arrive à les séparer. l'un d'eux, Fadhel, redescend de chez lui armé d'un couteau. La juge d'El Harrach est décidée à aller au fond des choses bien que les deux inculpés se soient pardonné leur coup de sang... La présidente n'aime pas que des voisins inculpés dérangent l'univers de la PJ, du parquet, de toute la justice et de l'environnemnt pour venir à la barre débiter des bêtises. Les coups et blessures volontaires réciproques sont un grave délit surtout losqu'une arme blanche effectue des «voltiges» dans les... «R». Maître Tlilli, l'avocat du second inculpé, se f... éperdument que l'adversaire se soit réconcilié avec son client. Il a été payé «cash» et ce ne sont pas des salamalecs échangés à la barre qui vont faire reculer le frondeur défenseur. Le premier prévenu parle de mots et de maux échangés devant la cage d'escalier du bâtiment. «Ce qui est écœurant dans ce drame, c'est que le détenu avait encore agressé le frangin de mon client deux heures après les faits. C'est un joueur de couteau très dangereux...», dira plus tard le conseillé le plus sérieusement du monde. Le fantasque président de la section détenus ne veut rien savoir lui aussi car, à trois reprises, il a écouté le second inculpé articuler : le pardon réciproque. «Vous entendrez dans dix minutes la représentante du inistère public aborder le trouble à l'ordre public et je...» L'inculpé-victime lâche soudain : «Il m'a donné un coup de couteau ici» (il montre le mollet droit). le magistrat hausse les épaules, agacé que le jeune l'ait interrompu et que le deuxième ait immédiatement répliqué : «Monsieur le président, ce n'est pas vrai. j'ai répliqué à mains nues, c'est parce que je lui ai flanqué une raclée qu'il est revenu armé d'une paire de ciseaux ou d'un couteau ; je ne saurais honnêtement éclairer le tribunal...» Selma Bedri, la magistrate, évoque un objet contondant pour mettre un terme à cette perte de temps sur l'arme blanche utilisée. Muette comme une carpe, la procureure murmure à peine ses demandes sans requérir, et c'est franchement frustrant, surtout que l'avocat va jouer sur du velours et permettre au président de suivre certes la parquetière, mais les trois mois de prison seront assortis du sursis. Ici, le tribunal a retenu le fait que les deux jeunes aient fait amende honorable en effaçant la rixe, les coups, les mots «mauvais» et «gros». L'indulgence, voire la clémence démontrée par le juge devrait faire des heureux dans la salle d'audience, car les copains des deux inculpés étaient descendus très nombreux de la cité nichée sur les hauteurs d'El Harrach. Ce qui est cependant inquiétant, c'est la montée de la violence dans les quartiers d'Alger ; on en vient rapidement aux mains pour un oui, pour un non, à l'arme blanche pour un non ou pour un oui. «des coups de sang qui mènent aux coups de sons», commente le procureur youssef mensara.