Le ministère des Finances a décidé d'alléger quelque peu certaines mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Une décision vient d'être prise par le département de Karim Djoudi et le gouverneur de la banque d'Algérie, M. Laksassi selon laquelle les importateurs et les opérateurs économiques peuvent retirer les marchandises au niveau des ports et aéroports algériens en appliquant les anciennes procédures en matière de dédouanement et de formalités bancaires. Ce nouveau texte transmis mercredi soir par la banque d'Algérie aux établissements banquiers concerne «toutes les marchandises qui ont commencé à être expédiées des différents pays de provenance avant le 4 août dernier» nous explique Abderahmane Benkhalfa, président de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF). «Les opérateurs et les importateurs peuvent dédouaner leur marchandise et la sortir des ports dès présent. Pour cela, ils doivent présenter une copie de la lettre de transport comme preuve que leur marchandise bloquée aux ports ou encore en mer a été expédiée avant le 4 août du pays d'où elles proviennent pour que les banques et les services des douanes procèdent immédiatement aux traitements adéquats pour sortir ces marchandises» nous explique M. Benkhalfa. Toute importation antérieure au 4 août sera dédouanée Notre interlocuteur estime que cette nouvelle décision a été prise en tenant compte de plusieurs facteurs, notamment la durée du voyage qui peut être parfois très longue. Il a été également question du fait de l'ignorance des opérateurs de ces nouvelles dispositions de la loi des finances complémentaire. «Cette décision a été prise car nous sommes conscients que nous ne pouvons pas appliquer les nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire sur des partenaires qui ne connaissaient pas son contenu avant sa publication, car autrement, ils auraient pris les mesures adéquates en vue de modifier les opérations d'importation en fonction des nouvelles données de cette loi» a-t-il encore expliqué. Aucun délai limite n'a été fixé par la banque d'Algérie pour opérer cette opération. «Ça a commencé mercredi dernier. Elle concerne toutes les marchandises embarquées avant la fin juillet et début août. Les services concernés sont instruits de traiter ces marchandises en fonction de leur arrivée au fur et à mesure. Pour éviter d'éventuels problèmes, les opérateurs doivent présenter des justificatifs pour les dates» a-t-il souligné. Cette mesure concerne, a ajouté M. Benkhalfa, toutes les marchandises autorisées auparavant à l'importation répondant aux critères techniques, financiers, et phytosanitaires. Cette mesure a été décidée, faut-il le préciser, après la vague de mécontentement exprimée par les opérateurs économiques nationaux qui ont estimé qu'il est impossible d'appliquer les nouvelles dispositions d'une loi intervenue du jour au lendemain sans aucune consultation ni concertation préalable. Les opérateurs ont également justifié leur colère par le fait que cette loi profite aux fournisseurs étrangers et fragilise les opérateurs nationaux. Cette position a été clairement exprimée, entre autres, par les opérateurs affiliés à la CIPA. Bon mais encore insuffisant... Son président M. Abdelaziz Mehenni, estime que la dernière instruction donnée par la banque d'Algérie est une «bouffée d'oxygène» aux opérateurs dans la mesure où elle leur permet de continuer de travailler pendant quelques mois après avoir débloqué leurs marchandises au niveau des ports. Néanmoins, cette mesure reste, selon le même patron, conjoncturelle. «Nous demandons que cette mesure soit appliquée pour toutes les opérations engagées avant le 31 juillet. Cela inclut les contrats signés et les engagements pris avec nos partenaires étrangers, car ce changement aura des répercussions sur les commandes faites, les prix et les quantités également», a expliqué le président de la Cipa. Dans le même ordre d'idées, notre interlocuteur insiste sur le fait que ces dispositions doivent être appliquées sur les produits en état seulement. «Il ne faut pas qu'elles s'appliquent à l'importation de la matière première servant à soutenir la production nationale. C'est la meilleure façon de détruire les entreprises algériennes et d'accroître le chômage», a-t-il encore expliqué.