Les récentes décisions fixant les nouvelles règles pour le partenariat ainsi que les dispositions de la loi de finances complémentaire ont suscité la révolte, aussi bien des entreprises étrangères installées en Algérie que des représentants des autorités de leur pays présents en Algérie. M Hamiani a estimé que ces mesures sont sérieusement pénalisantes pour ces opérateurs qui se trouvent aujourd'hui dans une véritable impasse. Une situation à l'origine de l'installation d'une véritable crise de confiance et qui risque d'engendrer de sérieuses contraintes pour notre économie. «Les opérateurs étrangers sont découragés. Ils attendent toujours. Des mesures sont quotidiennement prises à leur encontre, créant un climat caractérisé par une grande anarchie», a indiqué M. Hamiani. «Il y a une crise de confiance qui est publiquement exprimée. Les ambassades présentes dans notre pays ont rédigé des notes pour demander des explications sur l'exercice de l'investissement étranger en Algérie qui n'est pas encore très clair. Les attachés commerciaux et les responsables des chancelleries ont fait des rapports très négatifs sur les mesures de la loi de finances et sur les autres décisions prises, influant sur le climat de l'investissement en Algérie», a-t-il expliqué. Evoquant la décision d'obliger l'investisseur étranger à avoir des partenaires nationaux à hauteur de 51%, Réda Hamiani estime que cette mesure existe dans d'autres pays, notamment dans les pays arabes, sans qu'elle ne soit à l'origine d'une quelconque polémique. «Chez nous, les choses se sont présentées de façon brutale et sans plan de communication précis», a-t-il souligné. Pour le FCE, cette décision importante devrait être prise dans le cadre d'une stratégie et d'une vision globale et d'ensemble du développement de notre économie sur le long terme. Définir les priorités «On aurait souhaité que notre gouvernement précise les secteurs prioritaires qui exigent une présence majoritaire de la partie algérienne. Il est important de dire ce qui est vital, important et fondamental à garder et à protéger», a-t-il précisé. Sur le même chapitre, le président du Forum a émis le souhait de voir cette règle s'appliquer dans les transactions commerciales, laissant la règle de partenariat 70-30% à l'activité industrielle. «Dans le commerce et la distribution, nous n'avons pas besoin de transfert de technologie ou d'une grande science pour assurer les ventes, contrairement à l'industrie où on a besoin du management et de savoir-faire pour l'ouverture vers les marchés étrangers», a-t-il expliqué. Dans ce cas de figure, M. Hamiani ne favorise pas l'idée de laisser la part majoritaire pour les nationaux. «Si on a 30%, c'est déjà bien, parce que les étrangers aiment se sentir chez eux en détenant la majorité», a-t-il ajouté. L'autre contrainte que va rencontrer l'application de cette décision concerne l'incapacité des entreprises algériennes à tisser un partenariat avec des parts majoritaires au sein des entreprises étrangères. «Les capacités actuelles financières des PME algériennes ne leur permettent pas d'envisager des prises de participation à hauteur de 51%», a souligné M. Hamiani. Les PME algériennes disqualifiées Pour lui, la solution existe mais sa réussite dépend de l'implication des banques. «L'intervention des banques est indispensable pour aider les opérateurs à être des partenaires. Mais nos banques exigent des garanties pour le financement, ce qui va nous poser d'autres contraintes dans la mesure où les banques ne savent pas apprécier le risque», a-t-il enchaîné. Le président du Forum des chefs d'entreprises dira que la non-implication des banques dans cette opération va nous conduire à l'échec de l'application de cette décision. «A l'heure actuelle, seuls les grands groupes comme SIM et Cevital peuvent être partenaires des étrangers. Mais 300 000 entreprises PME ne peuvent pas profiter de cette mesure», a-t-il ajouté. Réda Hamiani dira que les opérateurs étrangers font preuve d'hésitation dans le choix de partenaires nationaux. Il explique cette situation par le contexte économique mondial marqué par une offre très forte, qui dépasse largement la demande exprimée. «Avant de s'installer, les producteurs mondiaux réfléchissent longuement avant de faire leur choix. Ils choisissent le pays détenteur de gros marchés. En plus des conditions d'investissement comme le foncier, le financement, les lois et autres», a-t-il indiqué. Pour lui, l'Algérie n'est plus considérée comme un pays intéressant pour les étrangers dans la mesure où elle ne fait plus partie des pays à coût de production faible et nous n'avons pas encore mis en place les mécanismes nécessaires pour avoir une production de qualité», a ajouté M. Hamiani. S'ajoutent à cela la disqualification des ressources humaines, la dégradation du cadre de vie et le durcissement des conditions d'investissement et de transfert de capitaux. M. Hamiani n'écarte pas la possibilité du départ des entreprises étrangères de l'Algérie. Une décision qui ne va pas intervenir tout de suite en plus du fait qu'elles dépendent de plusieurs autres facteurs liés notamment à la crise financière mondiale. Il dira, dans ce contexte, que l'Algérie a entrepris des démarches pour pénétrer le marché international, qui a été frappé par une grave crise financière mondiale, laquelle a affecté un grand nombre d'opérateurs de renommée mondiale. Les répercussions de cette crise sont sévèrement ressenties par ces opérateurs, d'où la baisse de leur activité dans les autres pays où ils activent. Il citera, dans ce contexte, le cas de Michelin, deuxième exportateur en Algérie, et de Arcelor Mittal, qui sont en liaison avec les marchés étrangers. Ces entreprises ont beaucoup de méventes et se trouvent aujourd'hui menacées.