Malgré les appels incessants des organisations patronales et des opérateurs économiques en vue de réviser certaines dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC), le ministre des Finances a confirmé mercredi que cette loi sera appliquée dans sa totalité, balayant d'un revers de la main toute possibilité de révision de cette mouture. La LFC 2009 vient remettre en cause la démarche de dialogue et de concertation existant entre les organisations patronales et le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. «Les confédérations ont, jusque-là, accompagné l'ensemble des réformes engagées», a fait remarquer le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand Saïd Naït Abdelaziz, pour qui «le dégagement d'une démarche consensuelle» restera le meilleur moyen pour faire adhérer les différents partenaires aux nouvelles orientations prônées par le gouvernement. Dans le cas contraire, «à quoi ça sert d'organiser des tripartites ?», s'est-il demandé. Souhaitant la fédération des autres organisations autour d'une même position, le même responsable a annoncé que la CNPA tiendra une réunion dans quelques jours pour analyser dans le fond la LFC 2009. C'est ce que compte faire aussi la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), présidée par Abdelaziz M'henni. «Nous avons prévu une réunion lundi», nous a-t-il annoncé. Pour cette confédération patronale, le principal point contesté concerne la soumission des matières premières au même régime appliqué aux autres produits importés. La réunion de lundi, révèle Abdelaziz M'henni, se tiendra dans le but d'«apaiser les esprits des opérateurs», membres de la confédération. Malgré les déclarations du ministre des Finances, ils continuent de contester certaines mesures prises dans le cadre de la LFC 2009, comme la consécration du crédit documentaire comme unique moyen de payement de l'ensemble des opérations d'importation et la suppression de la procuration. Les opérateurs en attente d'autres explications Selon M. M'henni, le ministre des Finances a répondu sur tous les points qui méritent des explications, sauf pour ce qui concerne les matières premières. A cet effet, les entreprises restent dans l'attente de nouvelles explications de la part de Karim Djoudi. Parallèlement au manque d'explications relevé par la Cipa, d'autres confédérations regrettent «l'absence de dialogue» observé par le gouvernement. Le porte-parole de la CNPA, Naït Abdelaziz, souhaite engager un dialogue avec le gouvernement pour clarifier les points restants en suspens. Car, de son avis, malgré les explications fournies par le ministre des Finances, les opérateurs économiques continuent à réclamer l'engagement d'un débat, même si le gouvernement est décidé de maintenir ses décisions. Il a remarqué, par ailleurs, que «les dispositions décidées dans le cadre de la LFC 2009 s'inscrivent dans le même sillage des propositions des confédérations, notamment pour ce qui a trait au contrôle des importations et les investissements directs étrangers (IDE)». «Nous avons attiré la sonnette d'alarme lorsque le volume des importations avait frôlé les 40 milliards de dollars en 2008», a-t-il relevé, plaidant pour «la distinction entre les importations utiles et les autres». La CNPA conteste, en revanche, la manière avec laquelle les dispositions ont été annoncées. La LFC 2009, reconnaît Naït Abdelaziz, est tombée comme «un couperet», surprenant les opérateurs qui se sont vu obligés de se conformer aux nouvelles dispositions, malgré leur impréparation. Plusieurs opérations d'importations de matières premières et d'intrants ont été bloquées suite aux nouvelles dispositions, «engendrant de sérieux problèmes aux opérateurs». Selon Naït Abdelaziz, «certaines dispositions sont contraignantes dans la mesure où elles viennent perturber le plan d'action des entreprises».