A partir du mois d'octobre, les concessionnaires automobiles ne pourront plus effectuer leurs opérations d'importation de véhicules neufs à partir du port d'Alger. Cette mesure suscite chez les représentants de marques automobiles une véritable inquiétude, jusqu'à évoquer une compression d'effectifs et une hausse importante des charges. L'association des concessionnaires automobiles d'Algérie a demandé il y a quelques jours aux autorités publiques de déférer l'application de cette disposition de manière à s'y préparer logistiquement. Un responsable d'une importante marque automobile implantée en Algérie, ayant requis l'anonymat, nous a affirmé hier qu'il est «impossible de pouvoir importer des véhicules sur les ports de Mostaganem et de Djendjen, étant donné que les concessionnaires n'ont pas encore créé leur parc sous douanes pour pouvoir effectuer les opérations d'importation», tient à relever notre source. Les concessionnaires sont confrontés à plusieurs problèmes dans le cadre de l'application de cette instruction du ministère des Transports. Il s'agit en premier lieu de la disponibilité d'assiettes foncières équipées des conditions minimales exigées par les autorités et les compagnies d'assurances. «Nous ne pouvons pas recevoir des véhicules sans disposer d'un poste de protection civile et d'un dispositif sécuritaire. Le délai de deux mois accordé par l'Etat n'est pas à notre avantage», a souligné notre source, souhaitant que l'Etat décide d'une période transitoire avant de transférer l'opération d'importation du port d'Alger vers les autres ports du pays. En second lieu, les représentants des marques automobiles rencontrent des difficultés pour déplacer les ressources humaines dûment formées pour ces tâches au niveau de l'intérieur du pays. «Face à cette situation, certaines sociétés d'automobiles seront amenées à licencier des salariés ayant des familles à charge ne pouvant pas accepter une mutation. Aussi, il est difficile de prendre en charge les frais d'hébergement et de mission des salariés, surtout dans une conjoncture particulière», relève-t-on encore. Le troisième facteur bloquant est celui du transport des véhicules vers la capitale. «La plus grande demande en véhicules est exprimée au centre du pays. Pour transporter les voitures neuves, nous serions obligés de solliciter des camions porteurs. Cela engendre donc des frais supplémentaires pour les concessionnaires et des désagréments de circulation pour le grand Alger et les wilayas limitrophes. Des désagréments pour la capitale «Ce sont des risques importants sur la circulation routière et la voie publique», signale notre source pour alerter les pouvoirs publics sur les conséquences de ce transfert. Auparavant, les concessionnaires acheminaient les véhicules le soir directement vers les parcs sous douanes se trouvant dans la banlieue d'Alger. Ce trafic est appelé à s'effectuer sur les axes routiers du centre du pays, ce qui constitue un réel danger pour les automobilistes, sachant que ces camions porteurs sont d'une dimension telle qu'ils peuvent bloquer la circulation pendant des heures, notamment sur les voies dites express. Le ministère des Transports avait décidé en juillet dernier de transférer l'importation des véhicules s'effectuant au port d'Alger vers les ports de Djendjen (Jijel), Mostaganem et Ghazaouet (Tlemcen). En vertu de cette instruction, les trois ports sont les seuls retenus pour la réception des cars-ferries. Cette disposition vise à décongestionner certains ports nationaux de commerce, notamment le port d'Alger. Les navires ne seront plus autorisés à décharger leurs marchandises au port d'Alger à partir du 1er octobre 2009. Les pouvoirs publics veulent également alléger la durée à quai des navires et à l'importante rade qui se traduit par des impacts extrêmement pénalisants pour l'économie, notamment par le taux de fret et les primes d'assurance élevées, les taxes de congestion et les surestaries. Pour une journée en mer, l'opération se chiffre entre 1500 et 2500 dollars, donc des devises transférées vers l'étranger. Un délai transitoire Conscients de ces effets, les concessionnaires souhaitent que les pouvoirs publics accordent un délai transitoire de deux années pour l'application de cette mesure. Aujourd'hui, la crainte est réelle, selon notre source, de voir des sociétés d'automobiles contraintes à licencier du personnel devenu inexploitable. En outre, la menace pèse plus lourdement après les mesures instituées dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. La suppression du crédit à la consommation, le paiement par crédit documentaire et les nouvelles taxes automobiles vont freiner les importations de voitures neuves. Certains évoquent une chute de 50% des ventes pour le quatrième trimestre 2009.