Le torchon brûle entre Stockholm et Tel-Aviv, officiellement à la suite d'un article d'un journal suédois révélant que l'armée israélienne aurait couvert le trafic d'organes prélevés sur les corps des Palestiniens tués au cours de l'invasion de Ghaza et, vraisemblablement donc, lors des opérations militaires du même genre dans les territoires occupés. Choqué par ces révélations de presse, le gouvernement israélien s'en prend aux autorités suédoises dont il exige une condamnation ferme de l'article jugé antisémite. Sans quoi la crise ne ferait que commencer. Pourquoi une telle frénésie en Israël sur fond de menace de crise diplomatique avec la Suède ? La Suède, on le sait, assure depuis juillet la présidence semestrielle de l'Union européenne. Elle avait décidé de faire de la relance du processus de paix au Proche-Orient l'une de ses priorités. Il faut rappeler que c'est en Suède que feu Yasser Arafat avait trouvé, plus que nulle part ailleurs dans le monde, le soutien diplomatique le plus actif à la reconnaissance internationale de la cause palestinienne et au projet d'un Etat palestinien. La droite israélienne n'a jamais pardonné Jamais la droite israélienne, représentée par Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, l'extrémiste russe Avigdor Liberman, n'a pardonné aux pays baltique, dont la Suède, d'avoir pris une part active à la consécration de ce projet au plan international qui a débouché sur la signature des «accords d'Oslo». Le ridicule prétexte d'un article de presse ne peut occulter les raisons profondes d'une telle rancœur à l'adresse d'un pays qui tente de relancer le processus de pays au Proche-Orient, à la différence de la Tchéquie qui a pris fait et cause pour l'invasion israélienne à Ghaza sous la précédente présidence de l'Union européenne qu'elle avait assurée le premier semestre 2009. La réaction névralgique de l'Etat hébreu dont le monde a eu tout le loisir de vérifier qu'il n'a aucune leçon à donner aux autres en matière de lutte contre le racisme fondé sur le préjugé biologique et de culte, répond plutôt à des objectifs politiques et diplomatiques. L'antisémitisme est une recette que les dirigeants israéliens sortent à chaque fois qu'ils sont acculés à la défensive ou mis devant leurs propres engagements d'aller vers l'application de la «feuille de route» en vue de la création d'un Etat palestinien. N'ayant pas encore trouvé l'occasion de se lancer dans une nouvelle aventure militaire dans les territoires palestiniens - Fatah et Hamas font ce travail actuellement - Netanyahu tente de brouiller les cartes par une crise diplomatique avec Stockholm. Paranoïa Curieusement, ce bras de fer a été engagé à un moment où des accusations sont portées, en Israël même, contre la poursuite du plan de judaïsation d'El Qods. Les colonies juives déjà en place sur les terres arabes s'élargissent lorsque Tel-Aviv, sous la pression internationale, s'engage à ne pas en créer d'autres. Cette question, le Premier ministre israélien sait qu'elle lui sera posée prochainement à Londres, où il doit rencontre son homologue britannique qui lui tiendra le langage de l'Union européenne. Les Israéliens sont, on le sait, frappés de paranoïa depuis que l'histoire ne reconnaît pratiquement plus d'autre génocide que celui des juifs sous les nazis. C'est pourtant d'une série de crimes de même nature, plus féroce encore, sous les yeux de la planète que l'Etat juif s'est rendu coupable depuis le scandale de sa création en 1948. Le trafic d'organes dont est accusé aujourd'hui l'Etat israélien n'a rien d'extraordinaire. C'est même un moindre au regard de ces images d'enfants palestiniens massacrés froidement dans leur refuge au siège de l'ONU à Ghaza.