Jeune, fringant et dynamique, Sadek Rahim a investi les arts plastiques par amour pour l'art. Innovant avec diverses techniques, il passe plaisamment de la peinture à la sculpture à l'installation. Son bonheur réside dans ce panel de choix de techniques. Après des études dans la prestigieuse école Alba au Liban et en Angleterre, il s'initie à son propre style. Artiste polyvalent, sa peinture retranscrit ses préoccupations du moment ; dans le figuratif, il s'adonne à des portraits ; dans le semi-figuratif, il laisse transparaître des formes évanescentes, fugaces qui montrent des silhouettes en proie à leur mal- vivre. Dans le volet de l'art arabo-musulman, Sadek Rahim joue et folâtre avec les calligraphies. L'installation lui fait entrevoir un autre univers plus libre avec plus de latitude. L'art pour l'art ne fait pas partie de son lexique ; l'art engagé qui bouscule les convenances et les consciences, tel est le message de Sadek. Sa passion pour la photographie traduit sa préoccupation à fixer dans le temps des instantanés de vie, de personnes pour qui l'avenir semble bien aléatoire. Il inclut dans ses œuvres multiples moult thèmes comme celui des harraga. Avec une grande de prise de conscience, optimiste, Sadek Rahim tente de comprendre que l'installation est une perspective d'avenir pour l'artiste algérien. Ecoutons cet artiste aux antipodes du conformisme. Que représente le terme installationniste ? Le terme installation d'art veut dire l'art qui est ou a été installé – rangé dans un lieu – soit par l'artiste ou comme spécifié par l'artiste. Il pourrait être soit spécifique au site ou non, soit à l'intérieur ou à l'extérieur. Le terme est devenu largement utilisé à partir des années 1970 et continue d'être employé par beaucoup de gens. L'installation peut être temporaire ou permanente, mais la plupart seront connus à la postérité grâce à la documentation. Plasticien, sculpteur, photographe, vous êtes un artiste polyvalent. A quoi est due cette diversité ? Au Liban, mon cursus comprenait plusieurs disciplines dont la peinture, la sculpture, la photographie, la gravure et d'autres techniques. Une fois le diplôme en poche, on maîtrisait vraiment ces techniques. Pour l'installation, avant même d'entamer les études d'art, je m'y intéressais, je regardais souvent des documentaires sur les chaînes TV étrangères, cela me fascinait. Ce mode d'expression est si sophistiqué et contemporain ! Après mes études au Liban et à Londres, J'ai pu réaliser ce rêve et j'étais très chanceux d'être accepté dans une des trois plus prestigieuses universités d'art au monde. Avez-vous une préférence pour l'un de ces arts ou se complètent-ils ? Vous pouvez demander à n'importe quel artiste, il vous dira que, s'il peut, il touchera à toutes les disciplines et techniques de l'art. Moi, je peux vous dire que mon bonheur est de sauter de la peinture à la sculpture puis à l'installation aussi souvent que je le peux. C'est bien pour la création et pour éviter la lassitude d'une seule technique, moi je me sens plus complet en tant qu'artiste. Dans l'art pictural, vous posez la problématique du social et du quotidien de l'Algérien...Une grande partie de mes œuvres sont des installations autobiographiques. J'ai toujours été hypnotisé par la quasi-stupidité des problèmes formels et informels que je côtoie dans ma vie de tous les jours, c'est pour cela que j'essaie de changer les choses, et c'est un peu remplir une fonction sociale en tant qu'artiste. La peinture figurative et abstraite. Pourquoi ? Tout artiste se doit de toucher à tout au moins une fois dans sa vie. Nous, les plasticiens, on ne peut travailler avec un seul mode d'expression. On est constamment appelé à diversifier et à créer de nouvelles techniques. Moi par exemple, depuis mon retour en Algérie, je n'ai pas fait deux expositions de la même technique. Dans la peinture, il y a aussi de la calligraphie. Pourquoi cet héritage arabo-musulman ? En tant qu'Algérien et vu mon héritage culturel arabomusulman, j'accorde une part importante à l'écriture calligraphique. A défaut d'avoir fais des études de calligraphie, je m'y intéresse non seulement pour sa valeur esthétique mais aussi pour sa valeur symbolique. La juxtaposition et la multiplication des lettres dans la formation des mots et des phrases fait corps avec la matière organique et nourrit l'imaginaire de l'artiste. Votre exposition à la bibliothèque du Hamma témoigne de l'art moderne. Pensez-vous que cette tendance est ancrée en Algérie, alors qu'elle est plus en vogue en Allemagne et aux Etats-Unis ? Vous savez, un grand événement a eu lieu à Alger l'an passé et qui va sans doute relancer et booster l'art contemporain en Algérie. Je veux parler du Mama, le nouveau musée d'Art moderne d'Alger. On ne peut espérer une production d'art moderne sans des espaces dédiés à l'art moderne qui, logiquement, aboutissent à des projets contemporains. A l'étranger, je vous donne un exemple : le plus grand marché de l'art, Art Basel, à Bâle en Suisse, le secteur le plus attendu et visité est le secteur de Art Unlimited, un espace réservé aux installations, sculptures, projections vidéos et performances. L'avenir de l'installation en Algérie c'est à nous de le faire. Pour cela, on a besoin de plus de musées et d'espaces culturels. J'invite tous les artistes algériens à oser l'installation. Avec quels matériaux travaillez-vous pour la peinture et la sculpture ? En ce qui concerne la peinture, je suis plutôt acrylique, elle est très malléable et surtout elle sèche très rapidement. Pour les grands formats c'est très indiqué. En général, j'utilise beaucoup de techniques mixtes avec la peinture, soit du collage, soit des affects pour plus de matière ou plus de reliefs. Pour la sculpture, ma matière préférée est le métal. Cela dit, de temps à autre, je plonge mes mains dans de la glaise, et puis l'installation est une forme de sculpture en elle-même. Quels sont vos projets futurs ? A court terme, j'ai plusieurs expositions en Algérie et à l'étranger. Je prépare une tournée dans les CCF dans plusieurs villes d'Algérie. J'ai aussi des collaborations artistiques au Liban et en Angleterre avec les académies des deux pays. En ce moment, toute mon énergie est focalisée sur la préparation de projets pour différentes biennales et concours à travers le monde.