La rentrée scolaire approche à grands pas. Elle s'annonce très dure pour les familles algériennes ayant un revenu moyen, voire dérisoire. La cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat sont deux facteurs qui effrayent ces familles qui se retrouvent, par conséquent, face à une situation désastreuse. Pour celles ayant plus de trois enfants scolarisés, il est presque impossible de subvenir à leurs besoins en matière de fournitures scolaires ou encore d'habillement. Les syndicats de l'éducation nationale tirent la sonnette d'alarme et invitent les pouvoirs publics à intervenir d'une manière rigoureuse pour mettre un terme «à cette situation catastrophique pouvant engendrer un soulèvement populaire». Pour le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), «les émeutes enregistrées ces derniers temps dans certaines régions du pays telles que Tizi Ouzou, Ghazaouet et Annaba ne sont que le résultat de l'irresponsabilité des pouvoirs publics». En effet, «les négociations entamées entre les représentants du gouvernement et les partenaires sociaux pour améliorer la situation socioéconomique des fonctionnaires, en particulier, et des citoyens, en général, s'avèrent souvent infructueuses», regrette le secrétaire général du Cnapest, dénonçant, au passage, «la sourde oreille affichée par les autorité devant les revendications de différents syndicats, ceux de l'éducation et de la santé en particulier». Le président du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, abonde dans le même sens. «Nous vivons dans une Algérie à deux vitesses» «Depuis 10 ans, la situation des fonctionnaires n'a pas changé d'un iota. Nous pouvons dire que nous sommes revenus à la case départ. La situation qui a prévalu, il y a quelques années, est la même actuellement», estime-t-il. M. Meriane considère qu'«en ce qui concerne le volet social, rien n'a changé. Les promesses du gouvernement demeurent sans aucune suite. Nous avons constaté que le gouvernement adopte la politique de la fuite en avant pour gagner du temps». Dans ce contexte, il évoque la question du régime indemnitaire. «Depuis la promulgation de la nouvelle grille des salaires en octobre 2007 à ce jour, le dossier du régime indemnitaire est occulté», regrette-t-il. Il précise que «toutes les primes sont incluses dans la nouvelle grille salariale, et elles sont calculées par rapport à l'ancien salaire, ce qui est aberrant», conteste-t-il. Toujours dans le même contexte, notre interlocuteur indique que «c'est bien que le ministre de tutelle ait essayé un tant soit peu d'ouvrir le dossier mais la balle est dans le camp du Premier ministre. Etant donné qu'à chaque fois qu'on remet le dossier sur la table au ministère de tutelle, on nous répond qu'il ressort des prérogatives du Premier ministre». Revenant au pouvoir d'achat de l'algérien, Meziane Meriane considère que «l'inflation est causée par une dévaluation du dinar. Une dévaluation qui s'est faite non d'une manière brutale mais progressive. De ce fait, de plus en plus, nous sommes en train de perdre notre pouvoir d'achat». Il continue : «La balle est dans le camp des syndicats autonomes, et j'espère qu'ils sauront déjouer cette balle pour arracher leurs droits bafouillés et préserver les acquis sociaux arrachés par le passé.» A cela s'ajoute, dit-il, «les libertés syndicales qui sont encore occultées». Par ailleurs, Meriane indique : «Les syndicats autonomes utiliseront tous les moyens permis et autorisés par la Constitution pour arracher leurs revendications. La grève est un droit constitutionnel reconnu à partir du moment que toutes les portes du dialogue sont fermées, contrairement au discours véhiculé par nos responsables.» «Ce que nous demandons, insiste-t-il, c'est qu'ils nous répondent pourquoi le régime indemnitaire est occulté ? Pourquoi les primes des fonctionnaires sont calculées par rapport à l'ancien salaire de base et qu'ils nous disent aussi si le dossier des régimes indemnitaires est rouvert, y aura-t-il un effet rétroactif depuis janvier 2008, date d'application du statut particulier et de la nouvelle grille des salaires ?» En conclusion, le président du Snapest estime : «Nous vivons dans une Algérie à deux vitesses, une Algérie qui vit et une autre qui survit.»