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Quand rahma et agressivité vont de pair
Ramadhan
Publié dans Le Temps d'Algérie le 01 - 09 - 2009

Le Ramadhan est considéré par les religieux comme un mois de ferveur et une véritable école spirituelle enseignant les valeurs de patience et de fraternité, mais en Algérie, il rime avec son lot de spéculations, de disputes et même parfois de rixes interminables et violentes.
Des spécialistes, contactés, décortiques ces phénomènes et apportent leurs points de vue sur le comportement «agressif» des Algériens.
Les scènes d'agressivité sont devenues en effet très fréquentes en Algérie durant le mois de Ramadhan, sensé être une occasion permettant à toutes les composantes de la société de vivre solidaires. Le constat relevé est amer. Il se caractérise plutôt par les bagarres, les crises de nerfs traduites à travers des comportements agressifs et la démonstration de force engendrant souvent des conséquences néfastes.
Souvent de fil en aiguille, la discussion prend de l'ampleur. Les esprits se chauffent et aucun des protagonistes ne veut se proclamer coupable. Les services de la police interviennent fréquemment pour mettre fin aux rixes inutiles. Les exemples relevés à travers tout le territoire national sont multiples. A Raïs Hamidou, à titre d'exemple, un malheureux évènement s'est produit le 24 août dans un marché informel. Un jeune homme a failli perdre la vie suite à une rixe.
Le drame s'est produit à quelques heures seulement de la rupture du jeûne lorsqu'un différend éclata entre deux jeunes hommes. Les événements ont pris de l'ampleur au point de former deux troupes de protagonistes. Les affrontements se sont déchaînés et un coup de couteau donné à l'un des adversaires qui fut gravement blessé. D'autres cas comme celui-ci sont légion en cette période.
L'injustice sociale à l'origine des comportements agressifs
Contacté par nos soins, Mechta Yacine, sociologue, impute directement le phénomène de l'agressivité durant le mois sacré aux conditions de vie quotidiennes difficiles des Algériens et par certaines habitudes. Selon M. Mechta, l'injustice sociale et la mauvaise répartition des richesses nationales ont une influence sur les Algériens qui ne peuvent pas se permettre d'acheter certains aliments. Ce sentiment provoque chez certains une réaction instinctive.
Ces éléments ont créé, selon l'explication donnée par le sociologue, «un malaise latent» qui se manifeste dès qu'il trouve «un terrain favorable». Le sociologue, qui a contribué à des études scientifiques et sociologiques sur le comportement des Algériens, affirme également que l'absence de communication au sein de la société constitue un élément important qui a accentué le malaise, l'apparition du banditisme et de la violence.
Un imam qui a préféré garder l'anonymat explique pour sa part que le comportement négatif du jeûneur est lié à la faiblesse de leur foi. Il s'interroge cependant si le jeûne devait durer en cas de pénurie : «Nos concitoyens ont faim pendant une journée, sachant que le pouvoir d'achat leur permet de subsister aux besoins.
Alors quelle serait la conséquence d'une baisse drastique et durable du prix du baril de pétrole dans un contexte où les importations ne peuvent plus être couvertes par les ressources locales ?» Enchaînant : «A ce moment-là, il ne s'agira plus de la faim mais de l'aggravation de la pauvreté et de l'impossibilité pour les chefs de familles de garantir le minimum nutritionnel à leurs familles.»
La survenance des disputes qui se traduisent par des affrontements physiques est-elle réellement due au Ramadhan, alors que le discours qui se généralise dans les pays musulmans présente le jeûne comme un mois de piété, de sagesse et de solidarité.
Selon la même source, il s'agit des personnes faibles psychologiquement. Il a tenu à préciser par la même occasion que l'épreuve du jeûne est un exercice de purification. C'est un signe d'obéissance à Dieu, en même temps qu'une façon de suivre la tradition des prophètes et d'accroître sa piété.


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