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Une guerre par procuration
Affrontements sanglants au Yémen
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 09 - 2009

Les sanglants affrontements qui se déroulent dans la province de Saâda, au nord du Yémen, opposant les forces gouvernementales aux rebelles chiites du clan des Houtis, sont perçus par des analystes comme une guerre par procuration entre deux puissances de la région, l'Arabie Saoudite et l'Iran.
C'est le 6e épisode d'une guerre commencée en 2004, et qui a déjà fait depuis près de 20 000 morts dans les deux camps. Cet épisode sanglant, le plus meurtrier, est le second intervenu dans cette province d'un Yémen pauvre mais disposant, de par sa situation
géographique, d'une position géostratégique indéniable. Les forces gouvernementales appuyées d'un armement lourd (chars, aviation) ont lancé une offensive le 12 août dernier contre le bastion de la minorité houtie, d'obédience zaydite, une branche du chiisme, mais selon les spécialistes des écoles de l'islam, proche du courant sunnite.
Du reste, les Houtis eux-mêmes affirment qu'ils ne sont pas des chiites au même titre que ceux d'Iran et d'Irak, car ne croyant pas au principe des 12 imamats au cœur du chiisme. Pourquoi l'armée régulière yéménite a-t-elle attaqué le clan Al Houti ? Selon la version officielle yéménite, les rebelles houtis ont violé l'accord signé entre les deux parties en 2008, au Qatar.
Le gouvernement reproche aux rebelles houtis leur refus de quitter leurs cachettes dans les régions montagneuses et la reprise des actes de sabotage sont des violations de l'accord, qu'il déclare nul et non avenu. Cet accord stipule que «les deux parties doivent cesser les opérations militaires et que les rebelles doivent remettre aux autorités les équipements militaires».
Il indique également que «les Houtis doivent respecter la souveraineté du gouvernement central sur toutes les terres yéménites et doivent former un parti politique pour remplacer le mouvement armé». Les médias estiment que «les rebelles chiites luttent depuis 2004 pour le rétablissement de l'imamat zaydite, un régime monarchique renversé par un coup d'Etat militaire en 1962, année où la république a été proclamée».
Or les Houtis démentent cette version et soutiennent qu'ils se battent contre «des discriminations économiques et religieuses».
La région montagneuse de Saâda, très difficile d'accès, qu'on qualifie de «nids d'aigles», est l'une des plus enclavées du pays. Cette pauvreté pousse les tribus de cette province à enlever des touristes occidentaux qui s'y aventurent dont ils négocient la libération avec le pouvoir central en contrepartie de rançons, d'avantages économiques pour les populations locales ou encore d'élargissement de membres du clan emprisonnés.
La rébellion était d'abord dirigée par Hussein Badreddine Al Houti, qui a été tué lors de la première guerre de 2004. Aujourd'hui, c'est son fils, Abdelmalek Al Houti, qui a pris la relève. Les rapports quotidiens sur les combats qui se déroulent dans cette partie du Yémen font état de milliers de morts depuis le début des hostilités. Evidemment, ce sont des rapports contradictoires, en l'absence d'une partie indépendante et des médias sur le terrain des affrontements.
D'ailleurs, les organisations humanitaires ne peuvent y accéder en raison des combats. Sanâa accuse les rebelles d'empêcher ces organisations d'acheminer les vivres et les médicaments aux populations civiles. Les rebelles sont également accusés d'utiliser des milliers de civils en tant que boucliers humains, ce que démentent évidemment les rebelles qui, à leur tour, jettent la pierre au pouvoir central, pointé du doigt pour avoir massacré des civils innocents lors des bombardements par des blindés et par l'aviation.

Accusations et contre-accusations
Du reste, les rebelles désignent du doigt également l'aviation saoudienne qui serait venue au secours de l'armée yéménite. Dans un communiqué daté de trois jours, le clan Al Houti a affirmé la semaine dernière que «des avions saoudiens avaient bombardé le secteur de Malahiz», dénonçant ce qu'il a appelé «une intervention flagrante dans les affaires yéménites».
Cette allégation est aussitôt démentie par Sanâa qui, en revanche, affirme que les rebelles sont fortement soutenus par l'Iran. Le 24 août, un responsable yéménite de la sécurité a assuré que «des armes de fabrication iranienne avaient été saisies lors de la découverte de caches rebelles».
Pour l'heure, les autorités iraniennes ne sont pas assez prolixes sur ces événements. La semaine dernière toutefois, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a affirmé qu'il «s'agit d'une question interne au Yémen», émettant le vœu que «la paix revienne par le biais d'une solution politique, sachant que les effusions de sang ne peuvent constituer une solution», a-t-il dit à la presse. Cependant, les médias de ce pays, notamment les poids lourds, semblent pencher en faveur des rebelles dans leurs comptes rendus de presse.
Cette réalité a du reste été soulevée par les officiels yéménites qui ont adressé des protestations à Téhéran. En effet, Sanâa a convoqué l'ambassadeur iranien pour lui signifier son mécontentement quant à la couverture pro-rebelle des événements par les médias officiels iraniens. Les autorités yéménites mettent en garde Téhéran contre les conséquences néfastes que peuvent engendrer ces pratiques quant au devenir des relations bilatérales.
D'autres milieux au Yémen pointent du doigt la Libye qui fournirait des armes aux rebelles. Or le président yéménite, qui est lui-même un chiite du courant zaydite, était mardi dernier aux côtés du guide la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, pour les célébrations du 40e anniversaire du 1er septembre. Il faut seulement rappeler pour l'histoire que la Libye avait soutenu les putschistes qui avaient tenté, dans les années 1990, de faire tomber le gouvernement de Abdallah Salah.
D'autres sources estiment que la Libye chercherait, à travers ce soutien à la rébellion, à se «venger» de l'Arabie Saoudite avec qui elle a un différend vieux de quelques années. Mais tout ceci reste du domaine de la spéculation. D'autres analystes vont encore plus loin dans ce difficile exercice de démêler l'écheveau dans cette regrettable tragédie yéménite.
Sérieuses menaces sur la paix dans la région
Ainsi en est-il d'un média occidental pour qui, dans cette guerre, «les bombardiers de l'armée de l'air saoudienne tapissent les zones rebelles, et l'armée de l'air et la marine égyptiennes transportent des munitions pour l'armée du Yémen avec les encouragements et le financement des Etats-Unis».
Pour ce média, «la République islamique s'emploie, en effet, depuis des années, à maintenir un foyer d'instabilité dans le nord du Yémen pour menacer l'Arabie et déstabiliser les monarchies sunnites du Golfe (Bahreïn, Yémen, Arabie notamment) ainsi que l'Egypte (à travers le Hezbollah) et l'Irak».
Et de poursuivre que «les Américains et leurs alliés ont été stupéfaits par la maîtrise du champ de bataille des rebelles houtis». Ainsi, estimant que «la 1re Division d'infanterie mécanisée de l'armée yéménite, renforcée chacune par ses 6 brigades de commandos parachutistes et le soutien aérien saoudien,
s'est avérée incapable, en deux semaines de combat, de briser la résistance des bastions de montagne des rebelles», ce journal avertit que «le conflit menace de s'étendre et de conduire à une escalade vers la plus importante et la plus dangereuse guerre ayant éclaté dans n'importe quelle partie du monde arabe durant les 18 dernières années».
Ali Abdallah Salah a promis récemment de «nettoyer le pays des rebelles chiites» qui ont rejeté son offre de paix. Il y a deux jours, les rebelles ont proposé une trêve aussitôt rejetée par Sanâa.
«Nous éradiquerons le cancer avec une résolution forte et déterminée», a dit le chef de l'Etat yéménite. Pendant ce temps, des «combattants» de la nébuleuse Al Qaïda tentent d'épauler les rebelles chiites, poussant la haine jusqu'à s'attaquer à l'Arabie Saoudite dont un émir membre du gouvernement issu de la famille royale vient d'échapper à un spectaculaire attentat kamikaze.
C'est également en pleine guerre au Yémen que les autorités saoudiennes ont mis au jour d'importantes caches d'armes et d'explosifs destinés à des attentats contre les intérêts des occidentaux dans ce royaume. Sur le terrain, les organisations humanitaires tirent la sonnette d'alarme. Comme toujours, ce sont les populations sans défense qui paient les frais de la folie humaine.
Alors que Sanâa a rejeté la proposition des rebelles de cessation des hostilités, l'armée yéménite vient d'intensifier les combats pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette sédition. «La prétendue initiative pour un cessez-le-feu annoncée récemment par les rebelles ne comporte rien de nouveau», a affirmé un porte-parole de la haute commission de sécurité yéménite.
Auparavant, les rebelles ont transmis une vidéo aux chaînes de télévision satellitaires arabes, montrant des soldats yéménites capturés et qui auraient déclaré de «plein gré» qu'ils s'opposent à cette guerre, présentant même leurs excuses aux populations locales.
La guerre n'est pas seulement celle des armes. Or le problème avec cette guerre est qu'elle a occasionné pour l'heure environ 150 000 personnes déplacées, selon la porte-parole à Genève du Programme alimentaire mondial (PAM), Emilia Casella, pour qui 100 000 personnes «cherchent actuellement désespérément un lieu sûr dans le gouvernorat de Saâda et les gouvernorats voisins».
Voilà le drame d'un confit interne qui se mène par procuration. Et ceci face à l'absence d'action de la Ligue arabe qui n'a, jusqu'ici, pondu qu'une déclaration sibylline dans laquelle elle a simplement exprimé sa «vive préoccupation», espérant que «la stabilité pourrait revenir bientôt au Yémen». C'est là un autre drame qui démontre encore une fois l'inutilité et l'inefficacité de cette organisation.


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