Ce n'est écrit ni dans le Coran ni raconté dans la sunna mais les us et coutumes algériennes veulent que la mi-Ramadhan soit une journée exceptionnelle durant laquelle certaines traditions se perpétuent malgré le fik'h et les sciences. Pour certains, c'est le compte à rebours du mois sacré, du mois de la baraka et de la piété. Dans la région de Aïn Defla et particulière-ment en zone rurale et pour fêter la pleine lune on égorge un mouton pour en distribuer sa viande aux pauvres du douar. On ouvre aussi la matmoura pour offrir du blé ou de l'orge aux nécessiteux, on se regroupe en famille pour un grand repas. D'autres familles saisissent cette opportunité pour circoncire leurs enfants ou célébrer des fiançailles. C'est aussi l'occasion pour les enfants qui jeûnent pour la première fois. Une attention particulière leur est réservée. Outre les cadeaux, chacun selon ses capacités, on prépare un repas léger pour le petit qui rompra le jeun avec deux dattes, deux gorgées de lait et un grand verre de jus de citron au miel. «C'est pour lui donner de l'énergie afin qu'il puisse entamer son repas», explique Hadj Belkacem. Veillées et récitation du Coran Au niveau de zaouïas, on récite le Coran durant toute la nuit tout en priant. Le s'hor, un grand plat de couscous garni de viande et de raisin sec, est pris par les talebs avant la prière du sob'h. Des chansons religieuses sont fredonnées par les femmes regroupées chez le père ou le beau-père. Pendant que les vieilles accompagnent à la derbouka les chanteuses, les autres femmes préparent des crêpes au miel et du thé pour les invités. Dans les villes, ce sont d'autres coutumes qui se répandent au fur et à mesure que le tissu urbain s'élargit. «Les Aâroubis se sédentarisent facilement et deviennent les Ouled el bled ya kho !», dit un hraoui devenu khemissi depuis l'indépendance. Durant cette veillée du quinzième jour de Ramadhan, les familles se rapprochent, essayent d'oublier leurs différends et prennent souvent le f'tour ensemble. La soirée commence après les Taraouih La soirée ne commence qu'après la prière des taraouih. Pour cette famille qui a saisi l'occasion de circoncire son fils, la fête débute également après la prière. Les femmes préparent les meidates, Zalabias, Qalb Ellouz, Qtayefs ainsi que d'autres sucreries ornent ces tables basses en attendant les hommes, parents et voisins revenir de l'hôpital avec l 'enfant circoncis. Le Klaxon des voitures annonce leur arrivée. Les femmes, la maman du petit en tête lancent des you-yous. Les chansons de Saloua, Fadhela Dziria, Nadia Benyoucef remplissent l'atmosphère. Le petit est félicité par les membres de la famille qui lui remettent des billets de banque. «Avant on donnait de l'argent en telles occasions pour acheter une bicyclette, aujourd'hui c'est pour acquérir un micro-ordinateur», fait remarquer un sexagénaire ; Durant cette soirée un peu particulière dans le rif comme en ville, les filles mettent du henné et font le vœu de rencontrer le prince charmant dans un proche avenir.