Il n'y a pas que les ventes promotionnelles, les jeux de hasard ou les offres spécial Ramadhan qui servent d'artifice pour attirer la clientèle avide de profiter des offres «ramadhanesques». La khaïma, cette tente bédouine qui nous fait voyager en orient, est en vogue durant le mois de jeûne. L'on est ravi, il est vrai, de voir cette touche «exotique» alimenter l'ambiance des soirées après le ftour. Cependant, le charme est presque rompu par la multitude des khaïmate. Tous les secteurs s'y mettent. Il y a quelques années de cela, les hôtels, les restaurants, les discothèques et quelques grands salons de thé étaient les seuls à être concernées par cet «extra» spécial Ramadhan. Aujourd'hui, on voit des vendeurs de prêt-à-porter inviter leurs clients à passer une soirée animée, autour d'un thé siroté dans une ambiance traditionnelle. Les gens s'y rendent en masse. C'est ce que nous avons remarqué, lors d'une petite virée dans une khaïma installée dans un parking d'un grand magasin de vêtement à Chéraga. Les habitants d'Alger-Centre et des hauteurs se sont déplacés en famille pour casser la routine d'une longue journée de travail. D'autant plus que les vacances d'été ont coïncidé avec le Ramadhan cette année. Le seul moyen de se distraire et de se sentir en vacances, c'est le fait de sortir le soir. Au grand bonheur des Algérois qui trouvent enfin où se rencontrer durant les soirées du Ramadhan, sans se poser de questions quant à l'illégalité de cette manière de s'enrichir. Car la khaïma fait partie de ces artifices – dont on use afin d'attirer la clientèle – qui sont soumis à une réglementation. Que dit la réglementation ? Un agent économique désirant changer d'activité doit changer de registre du commerce, selon la Direction de la régulation. Ce qui veut dire que les restaurateurs, les hôtels et les salons de thé ont le droit d'agrandir leur espace pour un commerce dans le même profil (la khaïma en fait partie puisqu'il s'agit de la petite restauration). Et ce, sans changer de registre et sous autorisation du wali bien entendu, selon notre source. Les autres magasins des autres secteurs, par contre, sont obligés de changer de registre du commerce s'ils souhaitent installer une tente. Pourtant, les khaïmate installées par des commerçants de différents secteurs ne manquent pas au Centre. Notre interlocuteur nous expliquent que les autorités concernées «ferment les yeux» en quelques sortes pour le mois du Ramadhan. Cela relève, selon lui, du fait que ces activités font parties intégrantes de notre culture. Le Ramadhan a toujours été le mois du changement d'habitude pour se convertir à d'autres activités qui créent cette ambiance ramadhanesque unique en son genre. «C'est la même chose pour le kelboulouz qui ne se vend pas seulement chez le boulanger et celui de la zlabia, commercialisée à Boufarik par des familles entières sans registre du commerce», cite comme exemple notre interlocuteur, ajoutant que le contrôle durant le Ramadhan est focalisé plus sur l'hygiène, la qualité du produit et l'affichage des prix. Cette tolérance de la part des autorités revient, ainsi, à l'aspect socioculturel propre aux Algériens et qu'ils essaient inlassablement de préserver.