Le suspense ne tenait qu'à la fin des vacances parlementaires. Les séances de bronzette terminées, les eurodéputés ont repris le chemin du parlement de Strasbourg sans le moindre stress. Aucun d'eux n'a eu à mélanger son tarot, le Portugais Barroso était déjà certain d'être réélu, des tulipes à la main. Pour cause, le conseil européen des 27 propose un nom et aux membres du parlement de miser sur lui ou non. Une simple formalité qui a fait que la candidature du président sortant soit expédiée telle une lettre à la poste. Cinq ans que le leader d'Europe Ecologie, Daniel Cohn-Bendit trouve déjà interminables. Des eurodéputés qui pensent que Barroso donne mieux à la tête de la présidence de la commission européenne qu'en tant qu'ex-Premier ministre du Portugal provoquent une rage folle chez le patron des Verts. Pour celui-ci, Barroso n'est pas l'homme dont l'Europe a besoin. Il suffirait juste de se retourner pour voir qu'il a toujours été à la remorque des événements. La réflexion engagée précipitamment par l'indétrônable président de la commission européenne sur la réforme du système financier mondial, qui doit être débattue au prochain sommet du G20, ne serait-elle qu'une ambition servant sa fraîche réinvestiture ? En tous les cas, elle n'est pas passée inaperçue au vu des chaleureuses félicitations de Paris. De Nicolas Sarkozy en personne qui s'est habitué à faire annonce de son boycott à la veille de grands sommets si l'ordre du jour retenu ne venait pas à correspondre à sa vision. Et ça marche à tous les coups. Au malheur de Daniel Cohn-Bendit qui croit tendre comme vert que José Manuel Barroso va encore promettre monts et merveilles à l'ensemble des pays de l'Union alors qu'il s'est enfermé dans une idéologie qui a été à l'origine même de l'actuelle crise financière. A son humble mais criant avis, il n'est pas possible que l'unique candidat puisse changer du jour au lendemain. Il ne s'agit que de promesses creuses, le président réélu serait trop libéral pour mettre dans l'ordre décroissant de ses priorités, la sauvegarde des emplois, la lutte contre le dumping social… Trois millions de litres de lait déversés dans la nature, pour ne citer que cette grave crise, n'est pas le fait de la politique agricole européenne prônée et soutenue par Barroso ? Comme continue de l'être la décentralisation des entreprises vers des pôles industriels où la main-d'œuvre coûte deux fois rien. Le leader d'Europe Ecologie n'a jamais été aussi convaincu que cette fois-ci, son «ennemi juré» ne mangerait que dans la main des géants défenseurs de la mondialisation, une véritable politique sociale étant loin d'être sa tasse de lait. Même plus la peine d'attendre la nomination des commissaires européens qui ne peut intervenir qu'au lendemain du référendum irlandais sur le traité de Lisbonne, le 2 octobre prochain. D'ici-là, Barroso doit penser à rationner du lait en poudre, le temps des vaches maigres annonce une pénurie sans précédent.