Que les eurodéputés ne le prennent pas mal. Si le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, a dépensé tant d'argent sur le dos du contribuable européen en 2009 c'est parce qu'il n'est pas chef d'Etat. En conséquent, il doit payer ses billets d'avion au prix fort. Avec soixante six voyages, dont une dizaine à l'étranger, faites vos comptes. Pas moins de 730 230 euros de frais de missions et de primes de représentation ont ainsi servi aux déplacements et aux séjours de M. Barroso. Avec ce tas de factures bien salées, les eurodéputés regrettent-ils déjà d'avoir plébiscité le Portugais pour un second mandat à la tête de la commission européenne ? Il n'y a pas de doute, ces chiffres vont faire grincer des dents. Davantage en Grèce où le sauvetage financier que les pays dits «grands» de l'UE ne se fera pas en un claquement de doigts. Clause stipulée par la chancelière allemande dont une majorité de concitoyens se sont prononcés pour une expulsion pure et dure de la Grèce de la zone euro. Mais mieux vaut ne pas aller vite en besogne et clouer les autorités d'Athènes au pilori, sur le vieux continent la récession n'est pas propre à ce pays. Ce, malgré son colossal budget de la défense qui engloutit à lui seul 4,3% du PIB. Réélu à la tête de la commission européenne, grâce à la «coalition des hypocrites», comme aime à la nommer le député vert Dany Cohn-Bendit, Barroso consacra-t-il son premier voyage en Grèce pour ne serait-ce faire semblant de s'intéresser de plus près au conflit chypriote alors que le gouvernement d'Ankara s'est récemment inquiété du traitement réservé par l'Union européenne au dossier de la candidature turque à l'UE ? Bien sûr que nul ne trouvera à redire sur combien lui coûtera ce déplacement, il y va de l'éternelle construction politique de l'Europe. Car l'Europe sociale, tant promise à travers les discours enchanteurs par Barroso and co, est en train de sombrer quelque part dans un grand bazar du libéralisme. S'il ne se rendra pas au chevet de la Grèce, où est-ce que le président de la commission européenne pourrait bien aller en ce début 2010 ? Des voyages à l'étranger, les plus longs courriers possibles, justifieraient mieux ses dépenses passées, non ? Chez les mollahs d'Iran qu'à présent Hillary Clinton assimile à des dictateurs sans foi et sans loi ? En Irak où les partis laïcs sont exclus d'office des prochaines législatives, la démocratie à l'occidentale peine à trouver ses marques ? En Afghanistan où les alliés de la coalition ne savent pas comment faire passer la pilule de la fraude massive à la dernière présidentielle qu'à travers de vastes offensives militaires ? En Chine populaire qui envisage d'investir sept milliards d'euros en Corée du Nord pour obliger cet allié confirmé de reprendre le chemin de la négociation ? Quelle que soit la destination que Barroso choisira, les eurodéputés ne pourront que lui souhaiter un bon vol en first class.