Abdelaziz Bouteflika a, lors de son intervention, remis les pendules à l'heure en dénonçant «les déséquilibres nés de pratiques discriminatoires et de non-respect des engagements pris, en particulier par certaines puissances nucléaires». Présidée pour la première fois par Barack Obama, cette rencontre exceptionnelle entrant dans le cadre de la 64e AG de l'ONU et à laquelle ont pris part bon nombre de présidents, a porté essentiellement sur la question de la dénucléarisation voire la non-prolifération des armes nucléaires dans le monde. Ces questions, faut-il le préciser, ont été débattues dans la perspective de réunir tous les pays autour du projet de révision et d'élaboration d'un traité de désarmement général et complet sous strict contrôle international et non d'un traité ciblant certains pays, comme l'a souligné, à juste titre, le président américain dans son intervention. Il y a lieu de rappeler que ces débats sont entretenus en prélude au traité prévu pour l'année 2010. En outre, une résolution adoptée à l'unanimité visant l'instauration d'un monde dénucléarisé et rédigée par les Etats-Unis a invité les Etats signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à «respecter leurs engagements et les autres à le rejoindre au plus tôt en tant qu'Etats non dotés (de l'arme atomique), afin de le rendre universel», appelant d'autre part les mêmes Etats à «négocier en vue d'une réduction des arsenaux nucléaires et à œuvrer à l'élaboration d'un traité de désarmement général et complet sous strict contrôle international». Le document exhorte, par ailleurs, les pays à stopper tous les essais nucléaires et à rejoindre le consensus et permettre la mise en application du traité. A ce sujet, et lors de son intervention devant l'assemblée onusienne, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a dénoncé les déséquilibres nés de certaines pratiques discriminatoires. En ce sens, il a affirmé que «des objectifs primordiaux du désarmement et de non-prolifération demeurent otages de la politique des deux poids deux mesures, de pratiques discriminatoires et de non-respect des engagements pris, en particulier par certaines puissances nucléaires». Il a affirmé, dans ce sillage, que «ces pratiques n'ont pas épargné les cadres multilatéraux de négociations jouissant, pourtant, de la légitimité et dotés de l'expertise nécessaire pour réaliser des avancées sur la voie du renforcement des objectifs de désarmement et de non-prolifération». Lors de cette réunion qui s'est tenue durant deux jours, un appel a été lancé en direction de neuf pays n'ayant pas ratifié le traité à réviser leurs positions. Cette rencontre a été organisée à la veille de l'adhésion du 150e Etat, à savoir Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Pour rappel, le traité, qui interdit tous les essais nucléaires, qu'ils soient militaires ou civils, a été signé en 1996 par 71 Etats, dont notamment les cinq principales puissances nucléaires, et compte maintenant 181 Etats membres, dont certains ont signé le traité mais ne l'ont pas ratifié. Au vu de sa ratification par 35 des 44 Etats devant y souscrire, sa mise en vigueur demeure prise en otage. Outre les neufs Etats dont la ratification est cruciale (la Corée du Nord, l'Inde et le Pakistan n'ont pas signé le traité) six autres pays (Etats-Unis, Indonésie, Iran, Israël, Chine et Egypte) ont signé le texte mais sans le ratifier. Le SG, Ban Ki-moon, n'a pas manqué de rappeler ces pays à l'ordre en leur demandant de signer et de ratifier le pacte. Il a suggéré un moratoire sur les essais nucléaires aux fins de concrétisation du traité et de sa mise en application. Le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, qui copréside la session de jeudi, lui a emboîté le pas en invitant ces pays à opter pour l'adhésion.