Pour ses organisateurs, cette marche vise surtout à sensibiliser les citoyens espagnols sur le caractère " anti-démocratique " de la nouvelle loi sur l'immigration, largement dénoncé par de nombreuses associations des immigrés, ainsi que par plusieurs pans de la société et de la vie politique du pays. Plus d'une centaine de manifestants de diverses nationalités ont entamé une longue marche de Barcelone (nord-est de l'Espagne) jusqu'à Madrid, soit près de 700 km, pour dénoncer la nouvelle réforme de la loi sur l'immigration que compte faire adopter le gouvernement. Les manifestants, soutenus par plusieurs associations syndicales et de défense des droits des immigrés, comptent rallier la capitale espagnole entre les 21 et 25 octobre, où ils remettront au président du Congrès des députés espagnols une pétition demandant le rejet de cette nouvelle. Pour ses organisateurs, cette marche vise surtout à sensibiliser les citoyens sur le caractère " anti-démocratique " de ce texte, largement dénoncé par de nombreuses associations des immigrés, ainsi que par plusieurs pans de la société et de la vie politique du pays. Parmi les aspects les plus polémiques du projet, présenté en juin par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, figurent l'extension de 40 à 60 jours de la période maximum de confinement des immigrés en situation irrégulière, les restrictions et le durcissement du regroupement familial. Cette nouvelle loi, actuellement en phase d'examen au niveau du parlement, est appelé à connaître des changements substantiels avant son adoption définitive, avant la fin de l'année en cours. Pour les nombreuses organisations qui soutiennent la longue marche des immigrés, ce texte envisage les immigrants uniquement " en tant qu'outils de production et non comme des être humains devant jouir de leurs pleins droits ". Le Réseau espagnol pour les droits des immigrants (Redi) a dénoncé cette future loi, estimant qu'elle criminalisera les personnes d'origine étrangère. " Un droit aussi fondamental pour toute personne comme l'est le droit de vivre en famille se voit ainsi sérieusement menacé ", a dénoncé Redi dans un communiqué dans lequel il a appelé au retrait de l'actuel projet de réforme. Dans ce sens, il a appelé le gouvernement et le Parlement espagnols à " réfléchir sérieusement sur le principe que les lois sont faites pour protéger la convivialité entre les personnes pour ne pas laisser la voie ouverte à l'inégalité et au racisme ". Pour sa part, la Coordination des ONG de Développement (Congde) a averti que cette nouvelle loi va porter un coup dur à la crédibilité de l'Espagne, et rendra plus durs encore les conditions de vie des immigrants. Elle a estimé aussi que les restrictions au regroupement familial projeté " violaient non seulement le droit de vivre en famille, mais se répercutaient aussi sur l'un des principaux mécanismes de développement des pays d'origine, à savoir le montant des transferts d'argent envoyés par les immigrés et qui avoisine le budget de l'Aide au Développement Public de l'ensemble des pays de l'UE ". La Coordination considère " injuste " le recul des droits et le durcissement des conditions de vie des étrangers, " alors qu'ils ont contribué à la croissance économique de l'Espagne, à garantir son système de protection social et à enrichir sa capacité de tolérance et de diversité ". Face à ces critiques, le ministre espagnol du Travail et de l'Immigration, Celestino Corbacho, a souligné de nouveau que l'objectif du projet est de " favoriser une immigration liée aux besoins du marché du travail et non pas limiter les droits ". Pour le ministre, le texte de loi remis au Parlement se propose " de créer un cadre adéquat pour une politique migratoire durable". " Dans ce pays nous n'allons jeter personne et encore moins s'il est au chômage", a-t-il dit, en précisant que " l'immigration doit être légale, ordonnée, régulière et liée aux besoins du marché du travail, et en coordination avec les politiques européennes en la matière". Le ministre, qui a rappelé que plus de 4,5 millions d'immigrés vivent en Espagne, soit 12% de la population, a indiqué qu'il était nécessaire d'adapter le cadre normatif à la nouvelle réalité de ce pays.