Pour la première fois, des émigrés algériens tentent l'aventure électorale en Belgique. Parfois fustigée, souvent incomprise, l'immigration algérienne fait preuve d'un engagement laborieux et courageux lors de rendez-vous politiques importants. En Belgique et ailleurs, les taux de participation aux différents votes nationaux ont, souvent été cités en exemple. Mais pas seulement lorsque il s'agit d'une question nationale. En Europe, les Algériens tentent, ces dernières années, de s'impliquer dans la vie politique du pays dans lequel ils vivent. C'est le cas en Belgique, où des élections locales -communales- auront lieu le 8 octobre prochain, et seront suivies, dans sept mois, en mai 2007, par des législatives. Pour l'heure, il y aurait entre 10 et 14 candidats d'origine algérienne impliqués dans la course aux conseils communaux belges. Le chiffre n'étant pas précis, en raison de la loi belge qui autorise les partis politiques à finaliser leurs listes jusqu'à quelques jours avant la date du scrutin. Nous avons recensé 13 candidatures officielles à ce jour. Certaines d'entre elles sont celles d'anciens élus, d'autres, plus nombreuses se présentent pour la première fois. Les Algériens sont à égalité sur des listes de gauche, comme celles du Parti socialiste (PS), du Centre démocratique humaniste (CDH), anciennement Parti social chrétien, ou celles des partis de centre droit comme le Mouvement réformateur (MR) qui rassemble l'ancien PRL et le Front démocratique des francophones (FDF). Ainsi, nous trouvons par exemple, Mme Ghezala Chérifi, diplômée de sciences politiques, militante de longue date du PS, élue il y a six ans au conseil communal de la commune bruxelloise de Saint Gilles(dont le bourgmestre- maire- est le président de la région de Bruxelles capitale) et qui sollicite un deuxième mandat. Très active, par ailleurs dans le mouvement associatif, Ghezala est appréciée par la communauté algérienne pour son sens de la solidarité, sa présence permanente auprès des causes justes et son combat pour une meilleure intégration de l'immigration dans la société et la vie politique belge. «La plus grande erreur est de rester en marge de la société dans laquelle nous vivons. Au-delà de mon engagement au niveau de ma commune, je souhaite bâtir des liens de fraternité et de solidarité avec mon pays d'origine l'Algérie. Il y a tant à faire en matière de dialogue, de coopération et d'échange entre la Belgique et l'Algérie.» Un autre candidat qui se présente sur une liste de centre droit, liste du MR, dans la commune d'Etterbeek, n'est autre que notre confrère journaliste, Aziouz Mokhtari, représentant du quotidien le Soir d'Algérie à Bruxelles. Immigré de la dernière génération, Aziouz a passé une grande partie de son temps, durant la décennie noire en Algérie, à sensibiliser les Européens, hommes politiques et société civile, au combat des Algériens pour la démocratie et la liberté. Que ce soit au niveau du Parlement européen, du Conseil ou de la Commission européenne, Aziouz, aux côtés d'autres confrères et militants de la démocratie n'a cessé de dénoncer les horreurs du terrorisme en Algérie et d'appeler à la solidarité avec les démocrates, dont les journalistes algériens, dans leur lutte pour la liberté de la presse. «J'ai beaucoup réfléchi avant de m'engager dans la vie politique belge. Je trouve qu'il y a un plus pour mon pays d'origine en m'impliquant directement. Au niveau de Bruxelles, il s'agira pour moi, si je suis élu, de porter les doléances, besoins et interrogations de la communauté immigrée aux responsables belges. De même, apporter mon humble participation à plus de rapprochement entre mon pays d'origine l'Algérie, et mon pays d'accueil la Belgique». Face à cet engouement des candidats algériens pour la vie politique belge, une fois n'est pas coutume, le consulat d'Algérie en Belgique a souhaité réunir cette semaine “nos”candidats, pour une discussion libre sur la portée de leur engagement. Initiative louable s'il en est, lorsque l'on voit ce que les responsables diplomatiques et consulaires marocains déploient comme moyens de propagande et de soutien aux dizaines de Marocains candidats aux différentes élections belges. La vie moderne étant ce qu'elle est aujourd'hui, les réseaux de lobbysmes sont entrés dans les moeurs politiques et ne sont plus ces organisations secrètes travaillant aux limites de la légalité. Preuve en est, les écoles de Lobbying installées à Bruxelles, où les professeurs ont pour noms Valéry Giscard d'Estaing, ex-chef de l'Etat français; Jean Luc Dehaene, ex-premier ministre belge ou les nombreux commissaires européens payés grassement. Pour y suivre un cycle de six mois, comptez quelques milliers d'euros en plus de vos références universitaires et professionnelles ès qualité. Alors, bonne chance à ´´nos´´ candidats.