Alors que le secteur de l'éducation «bouillonne», les syndicats autonomes ayant «inauguré» leur cycle de protestation avec une grève et un rassemblement devant le siège du ministère, le 5 octobre, l'instruction d'Ouyahia sur le régime indemnitaire du 30 septembre est venue «ajouter de l'huile sur le feu», estiment les syndicats qui promettent de radicaliser leur mouvement. Le Cnapest vient d'annoncer la couleur. Il a décidé d'entamer, à partir de la deuxième quinzaine du mois de novembre, une grève d'une semaine reconductible. Les autres partenaires de l'intersyndicale évoquent la radicalisation du mouvement «dans un cadre concerté». Dans un communiqué sanctionnant les travaux de son conseil national, le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), a décidé d'observer une grève d'une semaine reconductible à partir de la mi-novembre. «Le conseil national a décidé d'observer une grève d'une semaine reconductible à partir de la deuxième semaine de novembre», est-il noté dans le communiqué, sans toutefois qu'une date précise n'ait été annoncée «laissant le soin au conseil national de décider d'une date après concertation avec les autres syndicats autonomes». Les rédacteurs du communiqué considèrent qu'«au moment où les professeurs de l'enseignement secondaire et technique attendent la concrétisation des promesses des ministres de l'Education et du travail par l'application du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir de janvier 2008… ils sont surpris par la publication d'une instruction ministérielle stipulant que le régime indemnitaire sera appliqué à partir de la date de sa publication sur le journal officiel». Pour le chargé de communication du Cnapest, Messaoud Boudiba, «cette décision ne fera que souder davantage nos rangs». «Nous devons convaincre les syndicats affiliés à l'intersyndicale d'adhérer à notre décision», dit-il. «Une fois de plus, l'instruction d'Ouyahia démontre le mépris avec lequel le gouvernement considère les revendications des travailleurs», commente Mohamed Salem Sadali du Satef. Une façon délibérée, selon lui, de retarder la promulgation du statut particulier. «La décision du gouvernement ne fera que ranimer davantage le brasier de l'action sociale», estime notre interlocuteur qui appelle à des actions dans un cadre concerté. Même dépit du côté du conseil des lycées d'Algérie (CLA). «Maintenant, on sait ce qui nous attend», déclare le porte-parole du CLA, Achour Idir, qui trouve que la décision du premier ministre» a au moins le mérite d'être claire. «Cela signifie qu'il n'y aura plus de nouveau régime indemnitaire», dit-il. Et d'ajouter : «C'est à nous syndicalistes d'assumer nos responsabilités.» «Le rapport de force se fait sur le terrain de la lutte», estime-t-il, tout en appelant à des «actions musclées et radicales». Il considère dans ce même ordre d'idées qu'une grève illimitée se dessine de plus en plus. «Nous allons, avec les collègues de l'intersyndicale, nous réunir le week-end prochain pour prendre une décision commune», fait-il savoir tout en insistant sur «un travail de groupe». La déception est de mise également chez d'autres syndicats. Le président de l'Unpef estime que, «par cette décision, le premier ministre veut intimider les syndicats». «C'est une décision irresponsable», argue-t-il, menaçant d'une série de protestations que compte organiser son syndicat «en coordination avec les syndicats représentatifs». De l'avis de tous nos interlocuteurs, «c'est le moment ou jamais pour les syndicats de faire cause commune et unifier leurs rangs».