L'Assemblée populaire de Dély Ibrahim, qui fonctionne selon les humeurs des élus depuis son installation en janvier 2008, a connu un événement des plus inattendus : Brahim Sadrati n'est plus président depuis hier matin. Le président de l'APC de Dély Ibrahim, Brahim Sadrati, a été relevé de son poste, et le vice-président chargé du social, Lagdar Seddik, a été suspendu de ses fonctions sur intervention du wali Mohamed Kébir Addou. C'est ce qu'à révélé Djamel Chafa, élu de l'opposition, dans une déclaration faite, hier matin, au Temps d'Algérie. Même destitué de son poste, M. Sadrati gardera toujours son statut d'élu à l'assemblée. Ainsi, l'élu indépendant Kamel Hamza, colistier de M. Sadrati, devient de fait président de l'APC. M. Addou avait signé l'arrêté de destitution le 8 octobre, et la correspondance a été notifiée aux concernés hier matin, précise M. Chafa. Selon lui, le wali s'est référé au retrait de confiance de neuf élus (sur onze) dont a fait l'objet le désormais ex-président pour motiver la destitution. «Le wali a donc approuvé notre action», se réjouit l'élu. De plus, la suspension jusqu'à nouvel ordre du vice-président est justifiée par le fait que M. Lagdar est poursuivi en justice dans une affaire de détournement de deniers publics. «Son dossier est au niveau de la Cour suprême», précise M. Chafa. Une réunion extraordinaire de l'assemblée devrait se tenir dans les jours à venir afin de désigner officiellement M. Hamza au poste de maire de la commune et de procéder à l'adoption du budget 2009 qui est toujours en suspens. Un conflit qui a duré deux ans L'intervention du wali dans le conflit qui mine l'APC de Dély Ibrahim ouvre une nouvelle étape aux représentants de la population, après deux ans de coexistence difficile entre M. Sadrati (soutenu par l'ancien maire Zidane Othmane) et neuf autres élus issus des partis FLN, RND, PT, FNA et FFS. Installé dans ses fonctions en janvier 2008, M. Sadrati, avocat, n'a pas eu la confiance de six élus dès le départ. Ce qui était suffisant pour paralyser le fonctionnement de l'APC. Cette dernière n'a commencé à travailler et à délibérer sur les projets qu'en juillet de la même année. Seulement, en mars 2009, le conflit réapparaît avec plus de virulence. C'est ainsi que, le 11 avril, les opposants et partisans du départ du maire ont élaboré un rapport de douze points sur lesquels la gestion de M. Sadrati aurait failli. Le document, transmis au wali, est revenu sur les dossiers de trois coopératives implantées sur le territoire de la commune, l'octroi d'autorisation d'exploitation à des restaurateurs et le non-respect de la réglementation s'agissant de la tenue des réunions de l'assemblée. Le rapport a provoqué une enquête administrative diligentée par l'inspection générale de la wilaya. Des élus ont été écoutés, mais les conclusions de l'enquête ne sont pas encore rendues publiques. Entre-temps, l'opposition a renforcé ses rangs. Le 14 juin, ils étaient huit élus à procéder à un retrait de confiance. Cette action a été jugée «illégale» par le wali délégué de la circonscription administrative de Chéraga, territorialement compétent, parce que la réunion qui a débouché sur cette décision avait eu lieu à l'extérieur du siège de l'APC, en contradiction avec les dispositions du code communal. Le 6 juillet, l'opposition a formé un groupe de 9 membres et a procédé à un autre retrait de confiance à l'occasion d'une plénière organisée au siège de la commune. Après avoir soutenu le président, Hamza Kamel a fini par rejoindre la coalition acceptant la mission de remplacer M. Sadrati. «Je suis prêt à faire le sacrifice», a-t-il affirmé au Temps d'Algérie quelques jours après son ralliement. A la même occasion, le président a invité ses détracteurs à dépasser les querelles entre personnes tout en reprochant à la wilaya le fait que le vice-président chargé du social soit maintenu dans ses fonctions alors que la justice l'a condamné à la prison. Le 22 septembre, les 9 élus ont demandé et obtenu l'organisation d'une session extraordinaire afin d'«examiner la situation de l'assemblée». L'occasion a été donnée aux opposants de relancer la question du retrait de confiance et de demander encore une fois l'intervention de la tutelle. Deux semaines après la tenue de cette plénière, le wali a répondu favorablement aux demandes des deux parties en conflit : aux opposants, il a approuvé la destitution du maire et son remplacement ; à M. Sadrati, il a répondu à travers la suspension du vice-président. Nos tentatives de joindre le maire destitué n'ont pas abouti.