L'annonce par le gouvernement d'une dotation de 230 milliards de dinars pour la prise en charge du dossier des salaires, dans le cadre de la loi de finances 2010, relance encore une fois le débat sur le «niveau d'augmentation» du SNMG. Alors que des tergiversations subsistent quant à la date de la tenue de la tripartite, appelée à trancher définitivement la question, le patronat se dit réservé sur le montant réclamé par l'Intersyndicale. Désormais acquise, la revalorisation des salaires alimente toutes les spéculations, certaines parties intéressées ayant même tablé sur un Smig «appréciable» de 18 000 dinars. L'Intersyndicale de la Fonction publique, exclue des négociations, «brouille» les cartes en rendant publique une enquête sur le pouvoir d'achat, réclamant dans la foulée un SNMG à 38 300 DA, calculé sur la base du coût réel de la vie. Qu'en pensent les parties prenantes dans les décisions ? Premier employeur, l'Etat, qui a doté dans le cadre de la loi de finances ce volet de 230 milliards de dinars à titre de provision et non de dépense, une dotation qui peut donc être ajustée en fonction du niveau d'augmentation des salaires, s'est refusé à toute spéculation sur le montant de la revalorisation. Par la voix de son ministre des Finances, il s'est prononcé en expliquant que «seule la tripartite est habilitée à décider du niveau de l'augmentation». De leur côté, les organisations patronales que nous avons pu joindre ont toutes prôné la prudence. Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M'rakech, estime que l'Intersyndicale est dans son droit de faire des propositions dans la mesure où le droit syndical est garanti dans notre pays. «Je ne peux aucunement critiquer leurs propositions ni estimer que le SNMG qu'ils avancent est faramineux. Mes propres convictions me l'interdisent», précise-t-il, tout en affirmant que «si réaction il y a, ce sera avec force arguments». Des arguments que notre interlocuteur préfère réserver «aux négociations, où chacun des partenaires sociaux tentera de défendre ses points de vue». La même prudence est affichée par M. Abdelaoui de la Confédération générale des opérateurs économiques algériens (CGOEA). «C'est leur propre évaluation», dit-il d'emblée, indiquant que beaucoup a été dit à propos du niveau du SNMG. «Certains ont aussi avancé un salaire minimum de 50 000 DA», tient-il à préciser, tout en refusant d'opter pour la spéculation. La revalorisation du SNMG étant acquise «car c'est une décision du gouvernement», notre interlocuteur, interrogé sur les propositions de la confédération dans ce sens, dit vouloir réserver ses propositions pour le moment. «Nous avons nos propres propositions que nous soumettrons à la tripartite», affirme-t-il. Aucun responsable de la centrale syndicale n'était joignable hier pour s'exprimer sur les positions de l'UGTA, seul syndicat des travailleurs à prendre part aux négociations. Cela étant, si l'étude de l'Intersyndicale se base sur le coût réel de la vie, ses représentants ayant estimé que le Trésor public peut supporter «la charge», qu'en sera-t-il des propositions de la centrale syndicale ? Les multiples reports de la tripartite continueront à coup sûr de susciter des interrogations et… de la spéculation.