Jamais, depuis plus de vingt ans, une discussion de fond n'avait pu s'engager entre les catholiques intégristes et les gardiens officiels de la doctrine catholique à Rome. Ce sera chose faite à partir d'aujourd'hui dans les bureaux de l'ex-Saint-Office au Vatican. Les deux parties vont pouvoir se regarder en face, se mesurer, se jauger, quitter le chemin des anathèmes et reprendre celui des subtilités de la théologie. Ils vont renouer le fil d'une histoire qui avait été brutalement cassé, en mai 1988, par Mgr Marcel Lefebvre, évêque dissident du concile Vatican II, chef de la rébellion traditionaliste. Celui-ci avait claqué la porte du cardinal Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, qui était alors, sous le règne de Jean Paul II, le tout puissant préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Mgr Lefebvre avait bafoué l'autorité du pape et précipité le schisme en ordonnant sans mandat pontifical, le 30 juin 1988 dans son fief suisse, quatre évêques de sa mouvance. Acte majeur d'insoumission qui signait sa propre mort. La voie était ouverte à son excommunication et à celle des quatre évêques dissidents. Cette quadruple excommunication a été levée, en janvier 2009, dans le bruit et la fureur de l'affaire Williamson, du nom de l'un des quatre, dont les positions négationnistes (il nie l'existence des chambres à gaz nazies et l'ampleur du génocide des juifs) que le Vatican avait fait semblant d'ignorer ou avaient caché au pape – lui valent d'être aujourd'hui poursuivi par la justice allemande.