«Le taux de la criminalité en Algérie a reculé de 5,53% entre 2006 et 2008», a annoncé hier Mokhtar Lakhdari, directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice. Cette évolution a été rendue possible grâce à la politique pénale mise en œuvre pour faire face à l'évolution de la criminalité , a-t-il expliqué, soutenant que ceci a permis de «renforcer la capacité de dissuasion de la justice». Dans un entretien à l'APS, à la veille de l'ouverture de l'année judiciaire, le même responsable a avancé que les statistiques pénales des dernières années, notamment celles de 2008, font état d'une baisse «significative» des infractions ciblées par le nouveau dispositif juridique, tels que les vols et l'émission de chèques sans provision. Il a néanmoins estimé que l'efficacité de toute politique pénale dépendait des mesures qui l'accompagnent au plan social et économique. La petite et moyenne criminalités, évoluant principalement dans les zones urbaines (Alger, Oran et Annaba), ont été dominées par les vols (51 077 infractions en 2008), suivies par les atteintes à l'intégrité corporelle (26 445 infractions en 2008), a-t-il précisé. Ces types de criminalité s'expliquaient, selon lui, par les facteurs traditionnels de délinquance, mais aussi par les problèmes liés à la gestion de nos villes qui ont «contribué grandement dans l'aggravation du problème». La corruption prend de l'ampleur Au sujet de la corruption et de la criminalité, liées aux activités économiques et commerciales, M. Lakhdari a estimé que ce phénomène touchait à la transparence de la vie économique et à l'intégrité des agents publics. Ce type de criminalité se manifeste à travers les infractions relatives à la loi sur la concurrence, qui sont au nombre de 98 481 infractions en 2008, celles relatives à la loi sur la protection du consommateur (50 641 infractions en 2008), celles relatives à la loi sur le change (1269 en 2008), les émissions de chèques sans provision (11 117 infractions en 2008) et, enfin, la corruption qui a enregistré 807 infractions au cours de la même année. M. Lakhdari a estimé que ce genre d'infraction était la conséquence de la transition économique qui fait que ce type de criminalité tend à prendre de l'ampleur non seulement par le nombre, sans cesse croissant des contrevenants, mais «surtout par le fait qu'il bénéficie des connivences d'agents de l'Etat pour prendre racine dans des secteurs publics stratégiques (secteur bancaire, marchés publics...)». Abordant la criminalité organisée, le directeur a souligné que cette dernière comprenait une criminalité impliquant des groupes organisés qui se répartissent des rôles et se déploient au niveau transnational (trafiquants de stupéfiants, contrebande de diverses marchandises, trafic de migrants). La criminalité organisée évoluait notamment dans les zones frontalières et, en particulier, dans les régions de Tlemcen, Béchar, Tamanrasset et Tébessa. Il a préconisé, à cet égard, la conjugaison des efforts aux plans régional et international pour son éradication. Plus de 400 000 infractions au code de la route Au sujet du terrorisme, nM. Lakhdari a estimé que même s'il demeure «non circonscrit» dans certaines régions (Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Tipaza, Aïn Defla et Jijel), ce phénomène a connu «une baisse considérable de 30% entre 2006 et 2008, c'est-à-dire depuis le début de l'application de la politique de réconciliation nationale». M. Lakhdari a souligné, par ailleurs, que d'autres formes de criminalité «retenaient l'attention du fait de leur ampleur, mais aussi en raison de la faible réaction sociale qu'elles suscitent». Il s'agit de l'usage abusif des stupéfiants (10 296 infractions en 2008), des infractions liées au code de la route (404 799 la même période), celles liées à la loi relative à l'environnement et au régime général des forêts (6635 infractions en 2008) et, enfin, les infractions liées aux lois relatives à l'urbanisme.