L'assainissement des entreprises publiques engagé par les autorités a nécessité des enveloppes financières importantes. Selon certains spécialistes du domaine, plus de 40 milliards de dollars ont été consacrés à l'assainissement des entreprises publiques entre 1991 et 2009. La SNVI, à elle seule, avait bénéficié d'un soutien de l'ordre de 100 milliards de dinars, l'équivalent de 1,5 milliard de dollars. En effet, les autorités publiques n'ont pas lésiné sur les moyens financiers pour venir en aide aux entreprises étatiques en difficulté. Cet investissement colossal injecté pour la sauvegarde du tissu industriel public devra donner ses fruits, tel que souhaité par les pouvoirs publics, car le pays continue à importer pratiquement tous ses produits avec une facture salée (39 milliards de dollars en 2008). Dans le cadre de la loi de finances 2009, le Trésor public a été autorisé à procéder à l'assainissement financier des entreprises et des établissements publics déstructurés. Le financement de cette opération est assuré par des ressources budgétaires ou d'emprunts, ainsi que par le traitement par le Trésor des créances de ces entreprises. Le texte en question a souligné que les subventions d'exploitation des entreprises et établissements publics sont directement prises en charge par l'Etat. Le secteur public qui a vécu pendant des années dans la déstructuration et la restructuration est aujourd'hui au cœur de la nouvelle stratégie du gouvernement, une politique visant à donner une place prépondérante à l'outil national afin de relever le défi de l'après-pétrole. Outre la Société nationale des véhicules industriels qui a bénéficié de contrats de marchés publics d'une valeur de 20 milliards de dinars, d'un effacement des dettes et la prise en charge du découvert bancaire (102 milliards de dinars), d'autres entreprises publiques, au nombre de 146, à l'instar de l'Eniem, qui a vu ses dettes de 16 milliards de dinars épongées, ont été sauvées par le gel de leur découvert bancaire. L'objectif des autorités publiques demeure, selon le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, la constitution d'un noyau industriel public solide gravitant autour de 13 champions économiques. La loi de finances 2009 avait alloué une enveloppe de plus de 361 milliards de dinars au soutien à l'activité économique, à travers les dotations aux comptes d'affectation spéciale et la bonification des taux d'intérêts. Le Trésor public autorisé à sauver les EPE Dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, l'Etat a accordé également 50 milliards de dinars pour la recapitalisation des banques publiques, et ce, pour les encourager à jouer un rôle capital dans le financement de l'économie. La compagnie Air Algérie a bénéficié, quant à elle, d'un prêt de 1 milliard d'euros remboursable sur une période de 15 ans avec des taux d'intérêt réduits, octroyé par le Fonds national d'investissement (FNI). Ce fonds est doté d'une enveloppe de 150 milliards de dinars pour financer les grands projets structurants ayant une incidence sur l'économie algérienne. La mobilisation de ces moyens financiers se fait désormais sur la base de contrats de performance avec des objectifs précis, notamment le développement de l'activité à l'échelle locale et internationale. Dans le cas de la SNVI, le PDG Mokhtar Chahboub nous a avoué que les autorités ont exigé, en contrepartie de l'effacement des dettes, la relance de l'outil de production et l'engagement sur des marchés porteurs. Aujourd'hui, les conditions sont plus que favorables à l'émergence des entreprises locales, notamment dans le cadre des décisions prises par l'Etat pour la régulation des IDE et des importations. L'économiste Abdelhak Lamiri, dans une déclaration à notre journal, jeudi dernier, a souligné que la LFC 2009 a lancé un message fort en direction des opérateurs économiques, celui de la disponibilité de l'Etat à soutenir les producteurs et non pas les commerçants. Le redéploiement du secteur public intervient, pour rappel, dans le cadre de la nouvelle conjoncture de crise économique, crise qui a poussé même les Etats libéraux au sauvetage de leurs entreprises et banques. Toutefois, les observateurs et spécialistes doutent de l'efficacité de cette démarche des pouvoirs publics. Le président du forum des chefs d'entreprise, Rédha Hamiani, dans un cours inaugural à l'Institut MDI d'Alger, avait recommandé le soutien aux PME et PMI privées créatrices de richesses, en sollicitant le gouvernement à revoir les conditions de financement bancaire en introduisant les nouvelles règles en la matière (la suppression de l'hypothèque d'un bien pour prétendre à un prêt). D'autres organisations patronales, à l'instar de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), revendiquent un soutien aux entreprises privées capables de relever les défis économiques de l'heure.