Les moustiques responsables du paludisme sont devenus de plus en plus résistants aux insecticides dans ce pays d'Afrique de l'Ouest du fait de «l'utilisation massive d'insecticides» pour la production de coton. A Ouagadougou, l'épidémiologiste Sodiomon Bienvenu Sirima le confirme : «Le problème de résistance des moustiques à certains insecticides est une réalité au Burkina Faso», premier producteur de coton d'Afrique. «Du fait de l'utilisation massive des insecticides dans la production du coton, les moustiques ont fini par développer une certaine résistance dans les zones cotonnières, et cette résistance est une résistance croisée», ajoute ce médecin du Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP). «Les moustiques développent des résistances d'une part aux insecticides utilisés en santé publique (en bombes aérosol) et d'autre part aux insecticides utilisés pour imprégner les moustiquaires», poursuit ce spécialiste. Cette résistance croisée n'est heureusement pas constatée pour tous les insecticides. Les produits en cause sont «ceux de la famille des perméthrines et quelques deltaméthrines», précise l'épidémiologiste. Le gouvernement burkinabé a donc essayé d'adapter sa stratégie de lutte contre le paludisme à ces données. Les 6,6 millions de moustiquaires imprégnées qu'il a prévu de distribuer gratuitement, l'an prochain, seront «imprégnées d'insecticides homologués par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)», explique le responsable de la prévention au Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le Dr Victor Nana. Ces moustiquaires «sont différentes de celles qui sont actuellement utilisées. Leur efficacité sur les moustiques des zones de production du coton est avérée», assure M. Nana. Il s'agit d'atteindre l'objectif de «deux personnes, une moustiquaire» dans ce pays de 14 millions d'habitants, classé parmi les plus pauvres du monde. Selon le Dr Sirima, le paludisme y reste «la première cause de consultation médicale et d'hospitalisation, et la première cause de mortalité, avec 15 000 décès recensés par an», essentiellement chez les enfants de moins de 5 ans.