Le conflit entre Algérie Télécom (AT) et le fournisseur d'accès internet Eepad n'a pas encore connu son épilogue. L'opérateur historique campe sur sa position et étudie toutes les possibilités afin de pouvoir recouvrir ses créances. Certaines sources bien informées font état de la décision d'AT de la reprise des biens du provider. Cette possibilité s'avère être la dernière alternative pour l'opérateur public afin de pouvoir récupérer ses dettes détenues par l'Eepad et qui s'élèvent à plus de 3,5 milliards de dinars. Un montant que la société ne pourra pas payer puisqu'elle ne détient aucune réserve, d'autant plus que ses biens immobiliers sont hypothéqués auprès des banques. Outre les 3,5 milliards de dinars, la société de Nouar Harzallah est redevable à d'autres établissements bancaires d'une somme qui dépasse les 2 milliards de dinars. Un montant octroyé à l'opérateur sous forme de crédit bancaire pour réaliser ses projets. Ainsi, les dettes globales seraient de l'ordre de 5 milliards de dinars. AT aurait décidé, selon une source proche de la direction générale, d'installer sa propre direction de contrôle au siège de la société privée. Le groupe prendra en charge la gestion de l'équipe en place et celle des finances de l'entreprise. Le recouvrement de ses créances se fera donc à long terme et par le biais de sa propre équipe qui sera placée à la tête de l'Eepad. Cette décision a été, selon la même source, négociée en conseil d'administration d'AT. Et bien que les procédures juridiques utilisées par l'opérateur public ne soient pas encore dévoilées, notre source affirme que la décision est approuvée par la tutelle, le ministère de la Poste et des Technologies de la communication et de l'information. Pour rappel, l'affaire des créances remonte à fin 2007, où le fournisseur d'accès internet privé était redevable à AT de 1,4 milliard DA en novembre de la même année. Suite au non-respect des obligations ayant été signifiées dans la signature de convention entre les deux parties, où le provider s'est engagé à payer des factures mensuelles, l'Eepad est tout de suite saisie. Plusieurs réunions entre les deux parties ont été tenues dans le but de trouver un compromis. Le groupe national a fini par lui accorder, en janvier 2008, un échéancier sur 24 mois. L'Eepad n'a, malgré la souplesse dans le payement accordée, pas honoré ses engagements. Après plusieurs relances, AT a procédé, en avril, à la mise en demeure de la suspension partielle des prestations de services fournies. Après une courte coupure, l'opérateur public a décidé de rétablir la connexion internet afin de ne pas pénaliser les clients, en lui accordant un deuxième échéancier pour le recouvrement de ses créances avant le 26 mai. L'Eepad s'est engagé dans le nouvel accord à payer mensuellement 50 millions de dinars sur 486 millions de dinars, représentant le paiement d'une seule échéance, en plus des factures mensuelles de l'exercice 2009. Nouar Harzallah s'est engagé également à payer en plus de cette échéance un montant de l'ordre de 430 millions DA représentant les mensualités de janvier, février et mars 2009 sur le total de sa dette antérieure, qui s'élevait à 2,6 milliards DA. Un échéancier resté lettre morte Toutefois, l'échéancier est resté lettre morte. AT a donc envoyé une mise en demeure à l'Eepad en juin 2009 pour l'inciter à respecter ses engagements. Toujours dans le but de trouver un consensus, une commission a été installée au niveau du ministère de la Poste et des Technologies de la communication et de l'information pour analyser les dettes du provider. Ces factures ont fait l'objet de régularisation, mais aucun payement n'est parvenu à AT depuis le 25 mai, à l'exception de 50 millions DA versés le 26 mai qui représentent le tiers d'une facture mensuelle. L'opérateur national a été contraint, suite à des négociations qui se sont étalées sur plus de trois mois, de procéder à la suspension des prestations fournies à l'Eepad, en date du 2 septembre.