Tout retard ou refus de paiement de la pension alimentaire est sévèrement réprimé par la loi. Pour certains, le mandat d'arrêt est présent, gênant, embêtant. A Blida, le juge du dimanche ne préside pas la «messe» mais le pénal. Cette fois, il ferme les yeux car ses bambins ont été régularisés entretemps, foi de l'ex-madame. Rabah Ouriachi, le juge du pénal du dimanche à Blida appelle le couple brisé, séparé et en conflit autour d'une sombre histoire de non-paiement de la pension alimentaire pour faire le point autour de la régularisation de la situation des enfants. Il est vrai que l'inculpé avait appris en prison, après avoir vidé le mandat d'arrêt, qu'il n'avait que deux mois de retard dans le paiement de la pension alimentaire. «Deux mois et un jour et l'ex, la mère de vos enfants a le droit de vous poursuivre. Il faut éviter d'abandonner vos enfants», balance le juge au grand bonheur de la jeune divorcée enveloppée dans un hidjab noir, plus noir que la face du monsieur. D'ailleurs, elle ne pourra s'empêcher de lâcher un petit fou-rire en regardant l'ex effarouché et apeuré, lorsque le représentant du ministère public, invité par le tribunal allait requérir, vite, court et bien. Un froid allait traverser la colonne vertébrale de l'inculpé qui a cette demande qui siffle dans les oreilles. «Six mois de prison ferme», dit Denni ; le procureur qui va profiter du temps mort créé par le silence éloquent du président, ce magistrat qui a pour habitude de n'ouvrir la bouche que pour dire quelque chose de censé, pour passer un savon à l'inculpé, ce divorcé un peu plus âgé que l'ex-dame très coquette et surtout optimiste depuis l'énergique intervention de Denni qui avait pris la résolution de déclarer que tout retard dans le règlement de la pension alimentaire n'est jamais une punition en direction de l'ex-épouse mais une privation pour les enfants. L'inculpé tente de sourire et lorsque le président lui pose malicieusement une question autour du sentiment ressenti lors de la convocation du parquet. «Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit» a soufflé Abderahim C. qui devait maudire au plus profond de ses tripes le jour où il a été indifférent lors de la réception de la mise en demeure expédiée en «express» et en «urgence signalée» par madame l'ex-dame. D'ailleurs, Denni avait non pas souri, mais réclamé devant l'attitude «conciliante» de l'inculpé qui n'en finissait pas de distribuer à gauche, à droite, en haut, en bas, du : «Monsieur le président ou encore l'honorable procureur et même la respectable mère de mes enfants». Ouriachi semble beaucoup plus amusé qu'atteint par une juste ire vis-à-vis de l'auteur du délit de non-paiement de la pension alimentaire et va profiter de la «bonne humeur» de l'inculpé pour asséner : «Pourquoi avoir perdu tant de temps, fait du sur-place, hésitant sur le mode de règlement alors que lors d'une visite aux enfants vous auriez pu avoir ces mots tels qu'honorable mère des enfants» ? L'inculpé se tait, il attendra le verdict juste après qu'il eut demandé pardon au tribunal et à sa famille. Six mois de prison assortis du sursis, tel aura été le verdict car le prochain retard, quel que soit le motif de l'empêchement, c'est la prison ferme pour Si ABDERAHIM. Foi de si Ouriachi !