La foule composée de jeunes manifestants désireux d'assister au match Egypte - Algérie programmé au Soudan s'est déplacée, hier, à l'aéroport d'Alger Houari Boumediene. Soucieux de prendre le premier vol vers Khartoum, prévu à 11h35, les supporters des Verts se sont encore fait remarquer au niveau des quais. Environ 200 passagers ont pu prendre ce premier vol à bord d'un Boeing 738, selon une opératrice qui a expliqué que les billets seront incessamment vendus à l'aéroport, histoire de calmer le jeu et «surtout les jeunes en furie» qui n'arrêtaient pas de clamer avec rage «viva l'Algérie». D'autres vols ont été prévus, dont l'un à 13h55, un à 15h, et un autre à un quart d'heure d'intervalle. Deux autres vols sont programmés pour 18h05, selon la même source, qui a précisé qu'il s'agit de vols charters. Malgré la multitude de vols, les jeunes ne sont sûrs de rien, puisque la plupart d'entre eux ont été «mal orientés». C'est ce que nous a expliqué un jeune supporter de 18 ans qui nous a dit que ses amis, lui et beaucoup d'autres supporters se sont déplacés au stade 5 Juillet dans l'espoir d'acheter un billet. «Nous sommes finalement rentrés bredouilles, puisqu'on a été malmenés par les agences de voyages. Il n'y a jamais eu de billets au stade 5 Juillet», révèle, scandalisé, un autre supporter qui nous a tout de suite quittés pour rejoindre les manifestants. Entre-temps, la foule grandissait et le brouhaha se propageait davantage à l'entrée de l'aéroport international dont les portes ont été fermées à un moment donné par mesure de sécurité et aussi pour empêcher l'accès aux autres fans de plus en plus nombreux. Rien ne les a arrêtés, pas même cette bonne nouvelle de vente de billets à l'aéroport. Une hôtesse d'accueil nous apprend que l'embarquement vers le Soudan se fait à partir du compartiment national. Une autre mesure de sécurité peut-être ? Mais jusque-là, l'on n'a remarqué aucun geste de vandalisme ou de violence. Seulement des chants et des cris émis avec ardeur et acharnement. La manche, un moyen pour rejoindre Khartoum Ce qui nous a frappés, par ailleurs, c'est la «mendicité» des jeunes pour réunir la somme de 20 000 DA, prix du billet d'avion vers le Soudan. Se préparant à débourser dans les 5000 DA, ces jeunes se retrouvent très loin du compte et bien loin «du but». «Il ne s'agit pas de mendicité mais de solidarité. J'avoue que je n'ai jamais fait ça, mais je ne bouderai pas quelques sous pour atteindre la somme, ne serait-ce que 10 DA», témoigne un jeune homme avec un passeport à la main. A côté, une femme âgée tend 200 DA à un jeune homme qui, à son tour, les tend à son copain, expliquant à la dame que lui a collecté plus que lui. Les médecins et la Protection civile de l'aéroport ne veulent rien révéler sur les victimes du Caire Malgré notre insistance, nous n'avons pu soutirer aucune information concernant le nombre de blessés et de morts, si morts il y a eu, si ce n'est une confirmation de la visite de quelques blessés au service sanitaire de l'aéroport, où un médecin de garde affirme avoir ausculté deux supporters venus du Caire qui se trouvaient dans un état de choc. «L'un d'eux était blessé au crane par un morceau de verre», a précisé le médecin, poursuivant qu'il a reçu l'ordre de ne pas en dire plus et que tous les blessés ont été orientés vers les hôpitaux les plus proches. «Un secret d'Etat», a-t-il ajouté. Un officier de la Protection civile, censé connaître le nombre de blessés, n'a pas voulu nous renseigner non plus. «Je n'ai pas à divulguer quoi que ce soit à la presse», a-t-il souligné, affirmant qu'il n'y a aucun mort jusqu'à présent. Pourtant, une hôtesse de l'air prétend que la soute contenait quatre cercueils provenant du Caire. Affaire à suivre.