Ils sont revenus occuper les places qu'ils avaient désertées au lendemain du grand méchoui de l'Aïd El Adha. Ils sont revenus pour étaler sur la voie publique, parfois à même le sol, des couteaux, des grilles, des pics à brochettes et même des pierres pour aiguiser des outils à dépecer, découper et autres. Les rémouleurs sont de retour à Oran, et leur arrivée annonce l'Aïd. Ces derniers occupent aujourd'hui les mêmes entrées d'immeubles du centre-ville, les mêmes espaces dans les quartiers pour proposer leur marchandise. Saïd qui a l'habitude depuis des années de s'installer à cette occasion à l'entrée d'un cybercafé du quartier Es Sedikkia, s'affairait hier matin à installer ses présentoirs et à monter sa meule électrique qui lui servira à aiguiser les couteaux des habitants. «Pour cette année, nous n'avons pas encore reçu de marchandise, mais cela ne saura tarder», dira-t-il avant d'affirmer que fidèle à sa tradition, il ne proposera à sa clientèle que les produits de label. «Je ne vends pas les produits contrefaits made in China, moi je propose toujours des articles fabriqués par une maison connue à Sarreguemines et spécialisée dans les équipements de boucherie», souligne-t-il. Interrogé sur le choix de son emplacement, il répondra que ce site lui permet d'avoir une ligne électrique pour faire fonctionner sa meule. Cet avantage est également mis en avant par les autres rémouleurs installés au bas des immeubles de certains quartiers de la ville. «Cela nous permet de faire fonctionner nos appareils pour aiguiser les couteaux et les haches», diront plusieurs qui se présentent comme des occasionnels ne faisant ce métier que pour arrondir leurs fins de mois. «Je connais même un enseignant qui, le soir, après les cours, installe devant la porte de sa maison sa meule pour offrir ses services à ses voisins», dira notre interlocuteur, précisant qu'aiguiser un couteau revient à pas moins de 100 DA, «une belle somme qui permet à la fin de la journée de faire une bonne recette». Ces messieurs proposent tout ce qui peut aider au sacrifice du mouton et à la dégustation du méchoui du deuxième jour. Outre les pics de brochettes et les couteaux, ils proposent également des cordes, des ficelles, des braseros, des pompes pour gonfler la carcasse du mouton pour faciliter son dépeçage et même des amorces pour faciliter l'allumage du feu. Dans quelques jours, de jeunes enfants vendant du fourrage et du charbon viendront disputer la place aux rémouleurs qui ont déjà plongé la ville, qui se remet de la liesse de la qualification de l'EN à la Coupe du monde, dans l'ambiance de la fête du sacrifice.