Le régime marocain, avec une presse aux ordres de sa majesté, manque décidément d´imagination pour justifier ses erreurs répétées en matière de violations flagrantes des droits de l´homme, qui le mettent une fois encore au ban de la société internationale. Pour Rabat, Mme Haider est «un agent des services de renseignements algériens». Sa grève de la faim a été «inspirée par l´Algérie pour nuire à l'image extérieure du Maroc». Dans cette logique si, pour le malheur de ce pays frère et voisin, une catastrophe naturelle venait à se produire, il ne faut pas chercher bien loin. Voilà les «solides» arguments d´une diplomatie en mal d´innovation qui avance des recettes préparées depuis plus d´une trentaine d´années. Partout donc «la main de l´Algérie», sans le moindre souci de remanier la forme de ses communiqués qui pointent du doigt effrontément notre pays, que ce soit dans le cas de Mme Haider, de ses sept compatriotes arrêtés à Casablanca pour s´être rendus dans les camps de réfugiés de tindouf, ou pour répondre aux questions des enquêteurs des organisations humanitaires sur la répression massive des soulèvements populaires au Sahara occidental. Une attitude paranoïaque qui échappe à tout sens commun. A toute compréhension. Faut-il, peut-être, dans ce cas interroger la psychiatrie ? Contre vents et marées Rabat, bien sûr, a échoué dans cette approche ridicule, fondée sur la main de ses ennemis qu´il est le seul à voir, pour des raisons évidentes de consommation politique interne. Les autorités marocaines savent parfaitement qu´à l´étranger ces fallacieux arguments ne passent pas, pour relever de la pure propagande naïve, avilissante et abrutissante pour l´opinion interne. Aucune organisation humanitaire présente ou non à Lanzarote, aucun homme politique serein et libre de ses propres convictions, aucun artiste de renom international ou homme de culture universel, ne se sont laissés abuser par les arguments de la classe politique marocaine. Contre vents et marées, Rabat persiste et signe et appelle au complot international contre la souveraineté de son pays. La société civile internationale n´a pas fui devant ses responsabilités pour dénoncer le comportement inhumain du Maroc dans l´affaire Aminatu Haider. La pression internationale sur le régime marocain qui occupe, militairement et illégalement, le Sahara occidental depuis 1975, avec ce que tout le monde sait sur les violations des droits de l´homme dans cette ancienne colonie du Sahara occidental, n´a pu permettre à la militante de la cause sahraouie de retourner chez elle. Les autorités marocaines misent, bien entendu, sur leurs soutiens inconditionnels parmi les anciennes puissances coloniales, à leur tête la France qui garde un silence complice sur les dépassements commis par son meilleur allié au Maghreb. La position du gouvernement Zapatero préside de cette même logique de complaisance. Une affaire dramatique La dramatique affaire Haider n´aurait jamais été possible si le gouvernement socialiste espagnol n´avait pas joué à fond la complaisance sur l´occupation du Sahara occidental envers la monarchie marocaine. Une attitude marchande fondée sur l´espoir d´apaiser l´ardeur des revendications marocaines sur Ceuta et Melilla. Ce marchandage - des principes - a été à la base de la politique dite de normalisation du pro-marocain Miguel Angel Moratinos qui a conduit le gouvernement de l´Espagne - pas la société espagnole - jusqu´à fermer les yeux sur les violations des droits de l´homme dans son ancienne colonie et la dénégation à son peuple de jouir de son droit à l´autodétermination, internationalement reconnu. Un jeu diplomatique malsain qui a débouché sur des erreurs aussi graves qu´insurmontables pour sa diplomatie qui fait dans le bricolage. Cette fois, la diplomatie espagnole n´a pas en face d´elle un mouvement de libération pacifique, le Front Polisario, dont elle a méprisé la légitimité, mais une fragile dame au moral de fer qui ne tergiverse pas sur les principes. Une dame de fer qui observe depuis le 16 novembre une grève de la faim pour faire valoir son droit le plus élémentaire à rentrer chez elle, pour vivre avec sa mère et ses deux enfants. Seconde erreur du gouvernement espagnol : il n´y a pas de compensation de ce droit légitime, humain, par l´octroi d´un passeport espagnol ou un titre de réfugié politique, car Mme Haider n´est pas une candidate à l´ímmigration mais le symbole d´un peuple auquel l´Espagne est à l´origine de son drame, pour avoir comploté avec la nouvelle puissance occupante, le Maroc... Comme ses sept compatriotes qui vivent depuis le 8 octobre dernier l´enfer dans la prison marocaine de Salé pour «atteinte à la souveraineté marocaine», Mme Haider a des principes et des convictions non négociables. C´est ce que la diplomatie espagnole tarde à comprendre. la responsabilité de Zapatero Aujourd´hui le gouvernement socialiste espagnol est méprisé par son meilleur allié au Maghreb, le royaume alaouite qui a réservé une fin de non- recevoir à sa demande d´autoriser Mme Haider de retourner chez elle. Rabat n´a pas fait le moindre geste pour sauver la face de son parrain aux Nations unies pour le problème du Sahara occidental et de son meilleur avocat pour l´acquisition du statut avancé avec l´Union européenne. Chercher la solution auprès de l´indépendantiste sahraouie, plutôt que d´user de pressions sur Rabat pour corriger une erreur, voilà une attitude qui frise les limites de la capitulation diplomatique. C´est de la responsabilité du gouvernement Zapatero, et de lui seul de trouver la solution à l'admission illégale sur son territoire d´une étrangère expulsée de son pays, non munie d´un titre de voyage ou passeport. Du point de vue de la loi sur les étrangers, Mme Haider doit retourner dans le pays d´où elle a été expulsée. Le régime marocain reste inflexible à cette campagne qui s´amplifie à travers le monde pour condamner son comportement inhumain. La vie d´une personne, on le sait, importe peu au royaume alaouite qui ignore le sort tragique de tout un peuple, le peuple sahraoui. Et de son propre peuple d´ailleurs, le peuple marocain, relégué au sort politique et social qui est le sien. Plutôt que d´user de plus de pressions sur le Maroc, le gouvernement espagnol tente d´arracher à une dame agonisante la solution qui lui permettrait de sauver la face devant une opinion publique indignée par sa soumission à l´arrogance de son voisin du sud.