M. Zerhouni, ministre d'Etat, de l'Intérieur et des Collectivités locales a estimé que le débat sur l'identité en France comme la décision d'interdire la construction de minarets en Suisse répondent à des attitudes de xénophobie et ne contribuent nullement à la lutte contre le terrorisme, comme l'espèrent les pays des 5+5. «Le débat sur l'identité et l'interdiction des minarets ne détournent pas de la lutte contre le terrorisme mais la compliquent. C'est un débat qui lui donne de nouveaux arguments», a précisé M. Zerhouni lors de son passage hier sur les ondes de la Chaîne III. Il a qualifié ce débat de «très risqué dans la mesure où il oriente vers une attitude de xénophobie vis-à-vis de l'islam et de l'immigration. Sachant que cette dernière a été, pour beaucoup, une immigration forcée et qu'il s'agit aujourd'hui d'une mauvaise gestion des suites de cette politique autrefois promue par les Français», a-t-il expliqué. Pour lui, ce débat a suscité des dérapages dont le développement risque d'échapper à tous. «Il est incontestable que le débat débouchera sur des dérives et des dérapages verbaux ont déjà eu lieu» a-t-il précisé. Noureddine Yazid Zerhouni a déploré l'attitude de certaines parties étrangères qui font dans l'apologie de l'intégrisme sous le slogan de la libre pensée, estimant que les comportements islamophobes ont des conséquences dévastatrices. «C'est une attitude en contradiction totale avec les fondements de l'islam dans la mesure où cette religion a toujours appelé au respect des autres religions, a préservé les droits de la femme alors qu'en Europe, ces droits n'ont été acquis qu'au 20e siècle», a-t-il ajouté. Pour lui, l'islamophobie est porteuse d'autres notions de radicalisme. «Il est tout à fait compréhensible de faire dans la glorification de sa religion, mais ce qui n'est pas tolérable, c'est de dire que cette culture et cette religion sont supérieures à celle des autres», a-t-il ajouté. Le ministre d'Etat dira, à ce propos, que l'Algérie a une position très légère et de tolérance vis-à-vis de ces questions. «Chez nous, on parle de diversité puisque notre terre a accueilli, par le passé, toutes les religions dont le judaïsme, le christianisme et l'islam. C'est un pays où a vécu Saint Augustin.» L'islam n'est pas le terrorisme L'Algérie a aussi été la terre de refuge pour les juifs, à l'époque où ils ont fui le nazisme. Ils se sont réfugiés et ont eu droit à un accueil de la part de la population à Tlemcen où ils continuent jusqu'à maintenant à pratiquer les rituels religieux. C'est pour tout ça que nous n'avons aucun complexe vis-à-vis de ces questions», a-t-il ajouté. M. Zerhouni a encore réitéré la nécessité de lutter contre la matrice idéologique pour vaincre le terrorisme. «La lutte contre le terrorisme ne peut pas se faire exclusivement par les services de sécurité. Il est important de faire des actions à l'égard de l'environnement et la société en s'adressant à la famille et aux enfants. Il faut inculquer aux générations d'enfants scolarisés les principes de l'islam et corriger les failles ayant porté atteinte à l'image fausse donnée à cette religion. Certaines parties établissent un lien direct avec le terrorisme alors que cela n'a rien avoir», dira le ministre. Il a souligné que notre pays participe pleinement à combattre cette matrice sur un certain nombre de concepts bien définis. Simplifier la délivrance des visas Par ailleurs, le ministre a souligné que l'Algérie œuvre à assurer sa responsabilité vis-à-vis de ces citoyens partis dans le cadre de l'immigration illégale. «Ceci se traduit en facilitant leur rapatriement, en leur assurant un retour après avoir épuisé tous les recours judiciaires dans les pays où ils se trouvent», a-t-il souligné. L'intervention de l'Etat algérien, dans le cadre des conclusions de la réunion des 5+5, s'étend vers la protection des personnes parties dans le cadre de l'immigration légale pour le travail. Dans le chapitre de la libre circulation des personnes, le ministre a interpellé ces pays pour accorder plus de facilitations dans la délivrance des visas. Cette procédure entre, selon M. Zerhouni, dans le cadre de la création d'un espace de prospérité commune, que les pays des 5+5 aspirent à constituer. «L'idéal serait de supprimer les visas. En attendant d'arriver là, il faut souligner qu'il y a eu des efforts fournis dans le sens d'alléger les procédures de délivrance de visas mais cela reste insuffisant pour réaliser l'objectif tracé par les pays concernés», a-t-il indiqué.